LE RÉVEILLON À LA CONCIERGERIE
À Mon ami Avril
Noël ! Noël !
Tout tombe du ciel,
Allons, plus de fiel !
Vive Noël !
À nous, saucisse et poularde !
À nous, liqueurs et vin vieux !
Fais la nique à la camarde
Qui nous montre les gros yeux !
Noël ! etc.
Salut, pays de Cocagne,
Lieu jadis si fréquenté !
Salut, pétillant Champagne,
Vin si cher à la beauté !
Noël ! etc.
Nous n’avons à notre table
Point de femme, c’est fort bien ;
Il serait désagréable
D’engendrer un orphelin !
Noël ! etc.
Un bon buveur, c’est l’usage,
Boit à l’objet qui lui plaît :
Avec moi, frère, en vrai sage,
Bois à la mort, c’est plus gai !
Noël ! etc.
Buvons au jour qui s’avance,
À l’oubli de tous nos maux,
À l’oubli de la vengeance,
Des méchants et puis des sots !
Noël ! etc.
Buvons même à la sagesse
À la Vertu qui soutient :
Tu peux, sans crainte d’ivresse,
Boire à tous les gens de bien !
Noël ! etc.
Un pauvre homme, d’ordinaire,
Pour mourir a bien du mal,
Nous, nous avons notre affaire,
Sans passer par l’hôpital !
Noël ! etc.
Sur les biens d’une autre vie,
Laisse prêcher Massillion :
Vive la philosophie
Du bon curé de Meudon !
Noël ! etc.
Nous trouverons bien par grâce
À nous caser aux enfers :
Moi, j’irai trouver Horace,
Toi l’ouvrier de Nevers !
Noël ! Noël ! etc.