Jean Antoine de Baïf (1532-1589) À la fontaine je voudrais

À la fontaine je voudrais
Avec ma belle aller jouer.
Là dedans l’eau nous irions tous deux rafraîchir
Notre amour trop ardent.

Mille douceurs, mille bons mots, mille plaisirs,
Mille gentils amoureux jeux se feraient là,
Mille baisers, mille doux embrassements là nous nous donn’rions.

À la fontaine je voudrais
Avec ma belle aller jouer.
Là dedans l’eau nous irions tous deux rafraîchir
Notre amour trop ardent.

Nous irions par la fleuri pré courir aux fleurs,
Cueillerions l’or fin et l’argent et le pourprin,
Chapelets ronds et bouquets, chaînes et tortils nous y lierions.

À la fontaine je voudrais
Avec ma belle aller jouer.
Là dedans l’eau nous irions tous deux rafraîchir
Notre amour trop ardent.

Si le destin le nous permet que feignons-nous,
Que n’allons-nous jouir heureux de si beaux dons ?
Et le printemps nous y convie de notre âge la saison.

À la fontaine je voudrais
Avec ma belle aller jouer.
Là dedans l’eau nous irions tous deux rafraîchir
Notre amour trop ardent.

Pèse bien : Qu’est-ce du monde, ô mon amour doux ?
Si l’amour manque et la plaisance, ce n’est rien :
Du désir donc et du plaisir recueillons, belle, le doux fruit.

À la fontaine je voudrais
Avec ma belle aller jouer.
Là dedans l’eau nous irions tous deux rafraîchir
Notre amour trop ardent.