SUR LE CORPS DE GASPARD DE COLIGNY
GISANT SUR LE PAVÉ
Gaspard, tu dors ici, qui soulais en ta vie
Veiller pour endormir de tes ruses mon Roi ;
Mais lui, non endormi, t’a pris en désarroi,
Prévenant ton dessein et ta maudite envie.
Ton âme misérable, au dépourvu ravie,
Paye les intérêts de ta parjure foi ;
De tes suppôts, fausseurs de toute sainte loi,
La mort après ta mort est soudain ensuivie.
Mais quel digne tourment aux Enfers Rhadamante
Pourrait bien ordonner pour ton âme méchante,
Et pour les fols esprits de tes malins suppôts ?
Ennemis de repos, c’est peine trop humaine
Vous ôter le repos : donques, pour griève peine,
Puissiez-vous reposer en éternel repos.