Le Vin de l'Amour
Accablé de soif, l'Amour
Se plaignait, pâle de rage,
A tous les bois d'alentour.
Alors il vit, sous l'ombrage,
Des enfants à l'oeil d'azur
Lui présenter un lait pur
Et les noirs raisins des treilles.
Mais il leur dit: Laissez-moi,
Vous qui jouez sans effroi,
Enfants aux lèvres vermeilles!
Petits enfants ingénus
Qui folâtrez demi-nus,
Ne touchez pas à mes armes.
Le lait pur et le doux vin
Pour moi ruissellent en vain:
Je bois du sang et des larmes.
Juin 1847.