Le Cavalier
Le roi hésite, mais il faudra bien
que le vieux cheval marche encore!
Paroles de M. de Bismarck.
Il est bien las, le vieux cheval!
Après les fêtes sans pareilles
De son féroce carnaval,
Il a du sang jusqu'aux oreilles.
A présent que ses durs sabots
Ont piétiné dans la tuerie
Et qu'il s'est soûlé de tombeaux,
Il lui faudrait son écurie.
Il regarde les vastes cieux,
Extasié comme un bon moine,
Et lourd, immobile, anxieux,
Il soupire après son avoine.
Il rêve au gazon vert du parc
Où le flot argenté ruisselle;
Mais son vieux cavalier Bismarck
Sur son dos se remet en selle.
Pâle, dans le flanc du coursier
Que serrent ses genoux, il entre
Son cruel éperon d'acier;
Il lui laboure son vieux ventre.
L'écuyer, roide et sans défaut,
Qui dans les entrailles lui plante
Ce fer, dit: Crève s'il le faut,
Mais poursuivons l'œuvre sanglante.
Pour que nos vieux cœurs allemands
Se repaissent de funérailles,
Viens fouler sous tes pieds fumants
Des cervelles et des entrailles.
Écume et déchire ton mors!
Mais toujours, comme nous le sommes,
Soyons des faiseurs de corps morts:
Crève, mais foule aux pieds des hommes!
Octobre .