La Marseillaise
Les Prussiens, pour s'approprier notre
hymne national, ont fait composer des vers
allemands qu'ils chantent sur l'air de La
Marseillaise.
Les Journaux.
Joyeux, parmi les râlements
Dont l'horreur vous enivre d'aise,
Vous plaquez des vers allemands
Sur l'air de notre Marseillaise!
Et, fanfarons sous vos plumets,
Léchant votre lèvre gourmande,
Vous vous écriez: Désormais
Cette chanson est allemande!
Et Bismarck vous dit: Je le crois,
Comme il fallait que je le crusse,
J'en jure par toutes mes croix,
Voilà bien l'hymne de la Prusse.
Allons donc! l'Hymne au vol de feu,
L'hymne de gloire et de souffrance
Volant sur nous dans le ciel bleu
N'a pas un cri qui ne soit: France!
L'oeil enflammé, le fer en main,
La généreuse, l'immortelle
Dit encor: France! au genre humain
En vous aveuglant de son aile!
Cri de la grande nation
Et guerrière au chant symbolique,
Elle est la Révolution,
Elle est la sainte République;
Ame, elle emporte sur ses pas
Hoche et Marceau comme Gavroche:
Teutons, on ne démarque pas
Cela, comme un mouchoir de poche.
Elle vous mènera jusqu'où
Grince la défaite au front hâve!
Ah! vous pouvez lui mettre au cou
Votre ignoble collier d'esclave;
Celle qui fait peur aux volcans
Aura bien vite mis en poudre
Votre livrée et vos carcans
Parmi les éclats de sa foudre.
Allemagne qui remuais,
Elle est le Verbe, elle est l'Idée,
Et vous resterez tous muets
Rien que pour l'avoir regardée!