La République
La République est jeune et fière
Et ne punit que les bourreaux;
Elle marche dans la lumière.
La République est un héros
Dont le monde entier verra luire
Le front magnifique et vermeil.
Les monstres qu'elle veut détruire
A la clarté du grand soleil,
C'est d'abord toi, pâle Misère,
Qui mets ta main sur notre flanc,
Comme un aigle sa rude serre,
Et qui bois notre meilleur sang!
Et c'est toi, fantôme aux bras rouges,
Que la pensée a su flétrir
Et qui déjà croules et bouges,
Vieil Échafaud, qui vas mourir!
La République magnanime
Qui, pour sauver de leur enfer
Les peuples mourants qu'on opprime,
Trouve des canons et du fer,
Accueille les mères bénies,
Et, baissant ses yeux triomphants,
A des tendresses infinies
Pour les femmes et les enfants.
La République fraternelle,
Qui veut accomplir son mandat,
Pour garder la Ville éternelle
Se fait terrassier et soldat;
Sous la bombe et les incendies
Elle est au poste du danger;
Et quand de ses villes hardies
Elle aura chassé l'étranger,
Levant vers le ciel diaphane
Un clairon dans sa forte main,
Elle sonnera la diane
Pour éveiller le genre humain!