Espérance
Cher être pour qui nuit et jour
Frémit notre âme révoltée,
Patrie, ô notre seul amour,
O ma patrie ensanglantée!
O toi, pour qui sur les sommets
S'envole à Dieu notre prière,
On te croyait morte à jamais:
Non, tu te relèves, guerrière!
Tes bras affaiblis et mourants
Se sont roidis, tout noirs de poudre;
L'éclair de tes yeux fulgurants
Lutte avec l'éclair de la foudre,
Et tu viens, avec tes canons,
Dans la grande plaine enflammée,
Criant à l'ennemi tes noms,
O République! France armée!
Tu marches par les champs fumants,
Au cri de tes musiques fières,
Ici fauchant les régiments,
Et là franchissant les rivières!
Et tes généraux, qui vers toi
Tournent leur front docile et tendre,
Levant leur glaive sans effroi,
Disent à la mort: Viens nous prendre!
Et tout change enfin, et je vois,
Aux pâles hordes échappées,
Les Victoires, comme autrefois,
Suivre le vent de leurs épées;
Et le ciel lui-même a souri
Dans la nue, et je vois, ô France!
Flotter devant ton front chéri
Le voile bleu de l'Espérance!