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 Théodore de Banville (1823-1891) La Flêche

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James
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MessageSujet: Théodore de Banville (1823-1891) La Flêche   Théodore de Banville (1823-1891) La Flêche Icon_minitimeVen 19 Aoû - 19:00

La Flêche


Germains! venus de vos royaumes
Avec un détestable espoir,
Voyez-vous ce choeur de fantômes
Qui semblent sortir du ciel noir?

Blêmes sur les vagues ténèbres,
Ils souffrent d'horribles tourments
En voyant vos exploits funèbres,
Et ce sont les grands Allemands!

C'est Herder et c'est Kant, génies
Parmi le peuple des esprits;
C'est Lessing, dont vos gémonies
Excitent le noble mépris;

C'est Goethe, dont le front splendide
Sur vous comme un astre avait lui,
Qui de son regard de Kronide
Vous foudroie, et c'est, après lui,

Ce roi d'une foule éternelle,
Ce pur, ce glorieux Schiller
Baissant jusqu'à vous sa prunelle
D'où jaillit un farouche éclair.

O Germains! que vos rois se louent
De recoudre leurs vieux États:
Ces divins spectres désavouent
Leurs lauriers et leurs attentats!

Et lui, ce poëte lyrique
Dont la Muse avait déchiré
Toute leur pourpre chimérique;
Lui, le Prussien libéré,

Heine, le fils d'Aristophane,
Sous le succès empoisonneur
Voit, comme une fleur qui se fane,
Se sécher votre antique honneur!

Et, comme vos hommes de proie
Vantent leur triomphe, si laid!
En son inextinguible joie
Il en rit, comme un dieu qu'il est!

Puis le front tourné vers la horde
Que mènent monsieur de Bismarck
Et son vieux maître, il tend la corde
Effrayante de son grand arc,

Et, visant à leurs coeurs de glace,
Vengeur dédaigneux et serein,
De sa main charmante il y place
Une flèche, lourde d'airain.

Ou si ce n'est lui, c'est son ombre
Qui fait cet exploit d'Apollon.
Archer vainqueur, sur le tas sombre,
Plus rapide qu'un aquilon,

Il lance la Rime avec joie,
En secouant ses cheveux roux,
Et dans l'air s'envole et flamboie
Le messager de son courroux.

Ah! vos maîtres à l'âme sèche!
Ils emporteront dans leur chair
Le dard aigu de cette flèche
Jusqu'au pays qui leur est cher!

Les conquérants, bouchers en fête,
Se plaisent au charnier sanglant,
Mais le justicier, le poëte
Leur décoche le trait sifflant,

Et c'est pour toujours qu'il les blesse!
La morsure du fer vermeil
S'empare d'eux et ne leur laisse
Jamais ni repos ni sommeil.

Éternel outil de martyre,
Même dans le songe enflammé,
La cruelle flèche du Rire
Accroît leur mal envenimé,

Et la puissante main d'Hercule
Ne leur ôterait pas du flanc
Le dard terrible et ridicule
Qu'ils teignent toujours de leur sang.

_________________
J'adore les longs silences, je m'entends rêver...  
James

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