La fausse Dépêche
Sachant qu'il nous reste du pain...
Et des confitures de pêche,
Le Prussien, passé Scapin,
Nous bâcle une fausse dépêche;
Puis on nous l'envoie on se sent
Ravi de ces ruses de guerre
Par un pigeon bien innocent
Qu'il nous a pris sur le Daguerre,
Et la signe: Lavertujon!
Mais Paris s'en frotte la panse:
En vérité, le plus pigeon
Des trois n'est pas celui qu'on pense.
La farce dont on crut subtil
De charger la pauvre colombe,
Était cousue avec un fil
Blanc comme la neige qui tombe.
Ah! ce conte du pigeonneau
D'une franche gaîté ruisselle!
Attila devient Calino!
Cyrus pille Cadet-Rousselle!
Donc, aigle prussien, après
Avoir volé, farouche et sombre,
Sur tant de morts, que les cyprès
Ne couvriront pas de leur ombre;
Après avoir, cruel et sec,
Ouvert tant de blessures noires,
Et si longtemps rougi ton bec
Dans le charnier de tes victoires;
Las enfin d'avoir triomphé,
Devant l'Europe spectatrice
Tu reviens te montrer, coiffé
De la perruque de Jocrisse!