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 Théodore de Banville (1823-1891) Travail stérile

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James
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James


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Théodore de Banville (1823-1891) Travail stérile Empty
MessageSujet: Théodore de Banville (1823-1891) Travail stérile   Théodore de Banville (1823-1891) Travail stérile Icon_minitimeVen 19 Aoû - 19:22

Travail stérile


[Le Poëte.]
O vous qui fûtes les amants
De toutes les vertus naguères,
Que faites-vous, bons Allemands,
Dans ces épouvantables guerres?

Jadis on voyait parmi vous
Des Achilles et des Pindares:
Que fais-tu, peuple brave et doux,
Au milieu des soldats barbares?

[Les Allemands.]
Ah! nous pensions, en vérité,
Fils de la patrie allemande,
Combattre pour sa liberté!
Mais un cuirassier nous commande.

Nous sommes blessés, nous saignons,
La liberté mourante expire,
Et dans notre sang nous teignons
La pourpre d'un nouvel empire!

[Le Poëte.]
Vous, braves bourgeois de Leipsick,
Où vous mènent ces chefs serviles?

[Les Bourgeois.]
Pour plaire au moderne Alaric,
Bourgeois, nous détruisons les villes.

[Le Poëte.]
Et vous commerçants de Hambourg?

[Les Commerçants.]
C'est avec la Mort, qui nous berce,
Qu'à présent, au bruit du tambour
Nous continuons le commerce.

[Le Poëte.]
Et vous, ô banquiers de Francfort?

[Les Banquiers.]
Notre échéance est toute prête:
Chaque jour, de plus en plus fort,
Le Carnage sur nous fait traite.

[Le Poète.]
Et vous, tisserands de Stuttgard?

[Les Tisserands.]
Sombres ouvriers en démence,
La main roidie et l'oeil hagard,
Nous tissons un linceul immense.

[Le Poète.]
Et vous, écoliers de Munich
Et gais écoliers de Tubingue?

[Les Écoliers.]
Nous étudions, en public,
L'art où le bourreau se distingue.

[Le Poète.]
Et vous, brasseurs de Nuremberg?

[Les Brasseurs.]
Nous brassons un triste breuvage,
Froid comme la neige au Spitzberg,
Et sinistre, et d'un goût sauvage.

[Le Poète.]
Et vous, hommes des temps anciens,
Quel est le labeur dérisoire
Qui vous mêle à ces Prussiens,
Bûcherons de la Forêt-Noire?

[Les Bûcherons.]
Exilés sur le grand chemin,
Dans l'horreur qui nous environne,
Nous frappons, la cognée en main,
Pour l'éternelle Bûcheronne.

[Le Poète.]
O bons Allemands qui, les nuits,
Roulez vos angoisses profondes,
Songez-vous aux navrants ennuis
De vos femmes aux tresses blondes?

[Les Allemands.]
Nous, les fils du pays du Rhin,
Où naît la grappe savoureuse,
Nous marchons sous le joug d'airain,
Pour accomplir une oeuvre affreuse,

Pâles, maudits, courbant nos fronts,
Menés comme l'esclave russe;
Et c'est ainsi que nous aurons
Travaillé pour le roi de Prusse!

_________________
J'adore les longs silences, je m'entends rêver...  
James

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