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 Théodore de Banville (1823-1891) La Pauvreté de Rothschild

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MessageSujet: Théodore de Banville (1823-1891) La Pauvreté de Rothschild   Théodore de Banville (1823-1891) La Pauvreté de Rothschild Icon_minitimeDim 21 Aoû - 22:50

La Pauvreté de Rothschild


L'autre jour, attendant vainement de l'argent
Qui me vient du Hanovre,
Je pleurais de pitié dans la rue, en songeant
Combien Rothschild est pauvre.

J'étais sans sou ni maille, appuyé contre un fût,
Ainsi que Bélisaire;
Mais ce que je plaignis amèrement, ce fut
Rothschild et sa misère.

Oh! disais-je, le temps c'est de l'argent. Eh bien!
Sans que l'heure me presse,
Je puis chanter selon le mode lesbien,
Ne pas lire La Presse,

Me tenir au soleil chaud comme un oeuf couvé,
Et, bayant aux corneilles,
Me dire que Laya, Ponsard et Legouvé
Ne sont pas des Corneilles;

Je puis voir en troupeaux, menant dès le matin
Les Amours à leurs trousses,
Des drôlesses de lys, de pourpre et de satin,
Brunes, blondes et rousses;

Je puis faire des vers pour nos derniers neveux,
Et, sans qu'il y paraisse,
Baiser pendant trois jours de suite, si je veux,
Le front de la Paresse!

Et Paris est à moi, Paris entier, depuis
Le café que tient Riche
Jusqu'au théâtre où sont Alphonsine et Dupuis:
C'est pourquoi je suis riche!

Mais lui, Rothschild, hélas! n'entendant aucun son,
Ne faisant pas de cendre,
Il travaille toujours et ne voit rien que son
Bureau de palissandre.

Lorsque par les chevaux de flamme à l'Orient
Cent portes sont ouvertes,
Et que, plein de chansons, je m'éveille en riant,
Il met ses manches vertes.

Tandis que pour chanter les Chloris je choisis
Ma cithare ou mon fifre,
Lui, forçat du travail, privé de tous lazzis,
Il met chiffre sur chiffre.

Il fait le compte, ô ciel! de ses deux milliards,
Cette somme en démence,
Et, si le malheureux s'est trompé de deux liards,
Il faut qu'il recommence!

O Monselet! tandis que, bravant l'Achéron,
Chez Bignon tu t'empiffres,
Le caissier de Rothschild dit: Monsieur le baron!
Il faut faire des chiffres.

Oh! que Rothschild est pauvre? Il n'a pas vu Lagny;
Il n'a jamais de joie.
Le riche est ce poëte appelé Glatigny,
Le riche c'est Montjoye.

O Muse! que Rothschild est pauvre! Aux bois, l'été,
Jamais le soleil jaune
Ne l'a vu. C'est pourquoi je suis souvent tenté
De lui faire l'aumône.
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Théodore de Banville (1823-1891) La Pauvreté de Rothschild
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