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 Théodore de Banville (1823-1891) Le Thiers-Parti

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MessageSujet: Théodore de Banville (1823-1891) Le Thiers-Parti   Théodore de Banville (1823-1891) Le Thiers-Parti Icon_minitimeDim 21 Aoû - 22:56

Le Thiers-Parti


Muse, enflons notre voix pour un chant relatif
Aux cités. Suis la verte Seine
Et gravis l'escalier du Corps Législatif,
Où nous transportons notre scène.

Comme notre oeil, après le soleil d'un beau jour,
Admire encore un clair de lune,
L'autre mois, fier et pâle avec son nez d'autour,
J'ai revu Thiers à la tribune.

Oh! même en ce temps-ci, qu'il me semble étonnant!
Comme il était superbe et comme
Il avait des façons de Zeus, le Roi-Tonnant,
Et de Monnier et de Prudhomme!

Sa lèvre, dont l'accent est resté ferme et sûr,
Découpait, en faveur du pape,
Des variations, comme l'on en fait sur
Les fameux pianos de Pape.

Il disait: Réclamons ce qui nous est dû chez
Nos voisins, envoyons la note!
Lacérons l'Italie en un tas de duchés;
A quoi bon garder cette botte?

Chacun des ducs prendra son lopin, comme il sied
Afin qu'ils gardent leur prestige;
Celui-ci le talon, d'autres le cou-de-pied
Et les plus grands auront la tige!

Or, comme Thiers parlait ainsi, faisant des parts
De la proie ample et colossale,
Un grand fantôme triste aux beaux cheveux épars
Entra tout à coup dans la salle.

C'était la Liberté. La déesse aux yeux clairs
Et profonds comme l'eau d'un golfe,
Marcha sur l'orateur environné d'éclairs,
Et dit ces mots: Eh bien, Adolphe?

Alors, visiblement offensé, monsieur Thiers
Répondit à cette déesse:
Ne me compromets pas ainsi devant des tiers!
Tu fus, il est vrai, ma maîtresse;

Mais ces jours ne sont plus. Quand je t'ai fait présent
De mon amitié, j'étais jeune;
J'avais bon appétit alors, mais à présent
Je fais comme Veuillot: je jeûne!

Nos délires étaient un imbécile abus,
Mais rien n'est irrémédiable.
Épouse, il en est temps, le nommé Syllabus,
On prétend que c'est un bon diable!

La déesse sortit, dédaigneuse et levant
Noblement sa tête sacrée,
Tandis que Thiers, farouche et souffletant le vent,
Buvait son verre d'eau sucrée.

Et moi qui l'ai pu voir chassant d'un coeur gelé
Sa vieille maîtresse incommode,
Bon collectionneur de papillons, je l'ai
Cloué tout vivant dans cette ode,

Afin de l'y montrer, posant pour ses amis,
Plus sec que les sables d'Olonne,
Dans la pose héroïque où le sculpteur a mis
Napoléon sur la colonne.
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Théodore de Banville (1823-1891) Le Thiers-Parti
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