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 Théodore de Banville (1823-1891) Le Lion amoureux

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MessageSujet: Théodore de Banville (1823-1891) Le Lion amoureux   Théodore de Banville (1823-1891) Le Lion amoureux Icon_minitimeDim 21 Aoû - 23:12

Le Lion amoureux


Dans l'enceinte où Joseph Prudhomme
Triomphe, entouré d'amis siens,
Où dorment leur éternel somme
Les doux académiciens,

Où, pour nos suprêmes délices,
Faisant de la prose et des vers,
Ils protègent leurs crânes lisses
Par de vastes abat-jour verts,

On attendait, tout pâle encore
De sa longue rébellion,
L'orateur au verbe sonore,
L'homme à la face de lion.

Près des fenêtres entr'ouvertes,
On disait: Oh! lorsqu'en ces murs
Où pendent les perruques vertes
De ces immortels déjà mûrs,

Sa voix révolutionnaire,
Pleine de courroux et de foi,
Éclatera comme un tonnerre,
Certes ils vont mourir d'effroi;

Et, comme si La Marseillaise,
Ici tout à coup se levant,
Pour évoquer l'âme française
Embouchait son clairon vivant,

On va voir ces minces fantômes,
Aux vieux monuments assortis,
Rentrer dans les feuillets des tomes
Dont ils sont indûment sortis!

Ou, troupe de corps dénuée,
Ils vont, au sein des cieux déserts,
Se dissiper dans la nuée,
Se dissoudre parmi les airs;

Et l'on verra, coups d'oeil féeriques!
Aux pays par Hoffmann rêvés
Fuir les Villemains chimériques
Avec les vagues Legouvés!

C'est ainsi qu'un brillant cortège
Plaignait, arrivé de Saint-Flour,
Ces birbes, dont le front de neige
S'embellit d'un vert abat-jour,

Quand il entra, lui, le grand maître
Des mots magnifiques et clairs,
Qui les réduit aux lois du mètre,
Et dont les yeux sont pleins d'éclairs;

Lui, devant qui l'Intrigue tremble
Avant même qu'il n'ait parlé,
Et dont la grande voix ressemble
A l'ouragan échevelé.

O surprise rare et dernière!
Comme Sylvandre il avait mis
Des fleurettes dans sa crinière,
Pour plaire à ses nouveaux amis!

Comme toujours, il parlait juste,
Et même il chantait en bon fils
La Liberté, sa mère auguste,
Mais sur la flûte de Tircis!

Dieux! voir le titan de l'abîme
Verser du cassis de Dijon!
Voir passer le lion sublime
En habit gorge de pigeon!

Si bien qu'à présent Jules Favre,
Jouet d'ironiques destins,
Est en tous lieux (ceci me navre)
Célébré par les Philistins!

Lui, le prince de la parole,
Voilà d'où viennent mes ennuis,
Il est applaudi par Dréolle...
Oh! cachez-moi, profondes nuits!
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Théodore de Banville (1823-1891) Le Lion amoureux
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