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 Théodore de Banville (1823-1891) Satan en colère

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MessageSujet: Théodore de Banville (1823-1891) Satan en colère   Théodore de Banville (1823-1891) Satan en colère Icon_minitimeDim 21 Aoû - 23:13

Satan en colère


C'est perdre le bruit et le feu:
Je le sais, moi qui fus un dieu!
Victor Hugo, Le Danube en colère.

Satan, criant miséricorde,
Appela d'abord au secours
En voyant s'augmenter la horde
Qui, grâce à nous, chez lui déborde,
Si bien que ses grils sont trop courts!
Ensuite, il nous fit ce discours:

Faut-il donc que je vous proscrive,
Mortels que jadis j'attrapais!
C'est effrayant ce qu'il m'arrive
De gens sur l'infernale rive,
Tassés, pressés en rangs épais,
Depuis que vous êtes en paix!

Vous le savez, comme j'imite
Les fables des temps primitifs,
Les damnés, on connaît ce mythe,
Cuisent chez moi, dans la marmite
Que j'ai prise dans les motifs
Des vieux poëtes inventifs.

Et, lorsque de rire je pouffe,
Malheur à qui touche à ce pot!
Mais, voici le comique bouffe!
Dans mon pot-au-feu l'on étouffe
Depuis que votre chassepot
A fait l'ancien fusil capot!

On n'y peut plus tenir à l'aise,
Depuis que vos engins hideux,
Fusils Bonnin et fusils Dreyse,
Font rouler jusqu'à ma fournaise
Un tas de passants hasardeux,
Qui tombent là, coupés en deux!

Grâce enfin pour ma casserole!
Chacun de vous est le Colomb
D'une nouvelle arme à virole;
Vous vous foudroyez au pétrole
Avec infiniment d'aplomb:
C'est une débauche de plomb!

Eh! quoi, Dumanets sans vergogne,
Croyez-vous que nous ricanons,
Quand là-haut votre clairon grogne,
En voyant la folle besogne
Que me préparent vos canons,
Dont je ne retiens pas les noms!

On prétend que j'emmagasine
Tout ce que détruira le fer!
Dis, si tu veux, que je lésine,
Tas de fous! mais, dans ma cuisine
Où flambe un feu joyeux et clair,
Je n'ai plus de place en enfer!

J'étais gai comme Diogène;
J'engraissais comme un alderman!
Vais-je, pour qu'on me morigène,
Exproprier ce qui me gêne,
Comme votre baron Haussmann,
Moi bon vivant et gentleman!

Ah! tu t'égorges, saltimbanque,
Genre humain encore au maillot!
Toujours des morts! La place manque;
S'il en vient un, je vous le flanque
(Fût-il juif, turc ou parpaillot)
Dans le paradis de Veuillot!

Là, vêtu d'une simple écharpe,
Jusqu'à l'éternité sans fin,
Ainsi qu'au concert Contrescarpe,
Il entendra des airs de harpe
Grattés par ce doux Séraphin,
Et s'il s'amuse, il sera fin!

Mais, pauvre ver, pour deux aurores,
Vis tranquille sur ton mûrier!
Pourquoi faut-il que tu t'abhorres,
Frêle insecte, et que tu dévores,
En croyant mâcher du laurier,
Tout le plomb que vend l'armurier!
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Théodore de Banville (1823-1891) Satan en colère
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