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 Théodore de Banville (1823-1891) La Mitrailleuse

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Théodore de Banville (1823-1891) La Mitrailleuse Empty
MessageSujet: Théodore de Banville (1823-1891) La Mitrailleuse   Théodore de Banville (1823-1891) La Mitrailleuse Icon_minitimeDim 21 Aoû - 23:32

La Mitrailleuse


I

La Mitrailleuse, un nom charmant! J'y veux songer.
Elle est d'une bonne syntaxe;
J'aime sa tabatière et son affût léger,
Ses canons tournant sur un axe,

Jolis petits canons, étroitement unis,
Sa batterie en féronnière
Et son récipient à cartouches, munis
Chacun d'un couvercle à charnière!

La chose est dans sa boîte, et, pour charmer nos yeux,
Se manoeuvre, (on me le révèle,)
O Barbarie, ainsi que ton orgue joyeux,
En tournant une manivelle;

Grâce à quoi dragons verts, cuirassiers, fusiliers,
Déchus de leur beauté physique,
Tous, par douzaines, par centaines, par milliers
Seront foudroyés en musique.

Un enfant y suffit; alors, dans un éclair,
Notre chair sous le plomb féroce
Volera par lambeaux ensanglantés, sur l'air
Allez-vous-en, gens de la noce!

II

O mères! qui, riant au baiser de vos fils,
Oubliez l'amère souffrance
Et portez suspendus à votre sein de lys
Ces beaux enfants, fleurs de la France;

Ne vous obstinez pas, ô mères que le jour
Baigne de sa clarté subtile,
A les nourrir ainsi du lait de votre amour;
Cessez une lutte inutile.

Tandis que votre lait abreuve un seul enfant,
La Mitrailleuse, mousquetade
Énorme, a vite mis un millier triomphant
D'hommes faits en capilotade.

Vous ne résistez pas à la comparaison!
Couseuses, rien ne peut absoudre
Le fil d'or de nos jours; vous n'aurez pas raison
De cette machine à découdre!

Le fossoyeur n'a plus à creuser de tombeaux.
Les oiseaux noirs pendent en grappe
Sur nous; voici venir la fête des corbeaux:
C'est pour eux que l'on met la nappe!

III

Car, ô Progrès, génie auguste et factieux!
Songeur qui, déployant tes ailes,
Sous les noirs Océans et dans l'horreur des Cieux
Vas chercher des routes nouvelles!

Un ménechme hideux, ton singe et ton bouffon,
Contemplant ton oeuvre hardie,
Pour réjouir la Nuit et pour charmer Typhon
En fait l'ignoble parodie;

Et quand, victorieux des vieux spectres rampants,
Recréant la beauté première,
Démon de la science et du jour, tu répands
La poésie et la lumière;

Quand tu pétris, cyclope, avec ton dur marteau,
La machine, bête de somme
Qui traîne en se jouant le char et le bateau,
Détruit l'espace, affranchit l'homme,

La Machine, qui va pour nous recommencer
Les Titans aux labeurs superbes,
Qui sait creuser le noir sillon, ensemencer,
Faucher le blé, lier les gerbes;

Alors le faux Progrès, ton singe, acclimaté
Dans les batailles volcaniques,
Pour nous hacher menu comme chair à pâté
Forge des bourreaux mécaniques!
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Théodore de Banville (1823-1891) La Mitrailleuse
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