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 Théodore de Banville (1823-1891) Madame Polichinelle

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Théodore de Banville (1823-1891) Madame Polichinelle Empty
MessageSujet: Théodore de Banville (1823-1891) Madame Polichinelle   Théodore de Banville (1823-1891) Madame Polichinelle Icon_minitimeDim 21 Aoû - 23:38

Madame Polichinelle


[Gille.]
Ta grandeur me remplit d'effroi,
Polichinelle! Réponds-moi.
Il paraît que tu bats ta femme.

[Polichinelle.]
Eh! oui, quelquefois je l'entame!
Oui, je la rosse, je la bats,
Et même, on m'entend de là-bas,
Quand, féroce comme un Cosaque,
Je lui tombe sur la casaque
Et de cent coups je lui fais don.

[Gille.]
Mais, lui demandes-tu pardon?

[Polichinelle.]
Il serait beau que je le fisse!

[Gille.]
Alors, dis, par quel artifice
Es-tu cependant adoré?

[Polichinelle.]
C'est que mon habit est doré.

[Gille.]
Madame, dit-on, se révolte
Parfois.

[Polichinelle.]
Eh! oui. Par l'archivolte
De mon palais! tu dis fort bien.
Parfois elle rompt son lien.

[Gille.]
Ces jours derniers, émancipée,
La dame s'était échappée
Par un élan bien réussi!

[Polichinelle.]
Vrai Dieu! qu'elle était belle ainsi,
Mon Espagnole, ma Chimène!
Elle tranchait de l'inhumaine!
Elle portait d'un air mignon
La rose rouge à son chignon,
Et, fière, elle frémissait toute
Dans l'air libre, ayant une goutte
De sang de taureau dans le coeur!

[Gille.]
Cependant, te voilà vainqueur.
Parle-moi, beau chanteur de gammes:
Quel charme en toi dompte les dames?
Car ta bosse est pleine de vent
Par derrière, aussi par devant;
Et, comme tu fus un ivrogne,
On voit fleurir ta rouge trogne.
Pour le reste, nous t'égalons!

[Polichinelle.]
C'est parce que j'ai des galons.

[Gille.]
Parlons franc. Tout le jour tu vides
Les pots, de tes lèvres avides;
Et, trouvant que la soif te nuit,
Tu les vides encor la nuit.
Ta conduite est fort excentrique:
Au retour, tu prends une trique
Et, délibérément, tu bats
Le manteau, la robe et les bas
De madame Polichinelle.
Qui donc fait que la péronnelle
Consent à ces jeux effrénés?

[Polichinelle.]
La pourpre que j'ai sur mon nez!

[Gille.]
Bref, ayant mis à sec une outre,
Tu vides l'autre, et passes outre;
Tu nous montres, étant fort laid,
Des cheveux plus blancs que du lait,
Et, de plus, tu deviens obèse.
D'où vient que ta femme te baise
Ainsi qu'un héros de roman?
Apprends-moi donc quel talisman
Fait qu'une dame si jolie
Supporte la triste folie
De ton caractère immoral?

[Polichinelle.]
C'est mon chapeau de général!
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Théodore de Banville (1823-1891) Madame Polichinelle
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