Le Ruisseau
Mère, tenant de toi l'orgueil essentiel,
Ta fille, (tu l'aurais entre toutes choisie!)
Belle enfant dont le coeur ingénu s'extasie,
N'aime rien de vulgaire et d'artificiel.
Moi, je dédaignerai tout art matériel,
Car de toi j'ai reçu l'ardente poésie
De ton esprit subtil que le beau rassasie,
Comme tu m'as donné tes yeux emplis de ciel.
Et c'est toi que tu sens en moi lutter, poursuivre
Le but, toi dont la voix charmante qui m'enivre
Murmurait comme un Ange auprès de mon berceau!
Telle, aux humides prés, la Naïade ravie,
Dont le sort incertain est celui du ruisseau,
Rêveuse, en flots d'argent voit s'écouler sa vie.