Rue de Sèze
Dans les clairs salons de la rue
De Sèze, vit l'âme française,
Comme elle est jadis apparue
Sous Louis Quinze et Louis Seize.
Dix-huitième siècle adorable,
Oh! comme avec délicatesse
Il sut avoir la mémorable
Élégance de sa tristesse!
O boîtes d'or, miniatures,
Déités vaguement surprises
Parmi d'idéales natures;
Nymphes des bois dans l'herbe assises;
Satins, étoffes envolées,
Éventails qui semblez suffire
A calmer les Grâces troublées,
Par la caresse de Zéphire;
Calmes et souriants visages
Rhythmés, où pas un pli ne bouge
Et qui, parmi les paysages,
Nous charmez, vivants sous le rouge;
Extases de la bucolique,
Frondaisons pleines de mystère;
Églés que le mélancolique
Watteau guidera vers Cythère,
Avec de longs pleurs taciturnes
Je vous suis, et sous les portiques
Je vous couler l'eau de vos urnes,
O bleus paradis poétiques!
Et je vois, dans un vague souffle
De voluptés et de délire,
Pompadour ôtant sa pantoufle
Et du Barry tenant la lyre.