PLUME DE POÉSIES
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 François-Thomas-Marie De Baculard D'Arnaud(1718-1805) ACTE 1 SCENE 10

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François-Thomas-Marie De Baculard D'Arnaud(1718-1805) ACTE 1 SCENE 10 Empty
MessageSujet: François-Thomas-Marie De Baculard D'Arnaud(1718-1805) ACTE 1 SCENE 10   François-Thomas-Marie De Baculard D'Arnaud(1718-1805) ACTE 1 SCENE 10 Icon_minitimeMar 23 Aoû - 0:25

ACTE 1 SCENE 10

Euphémie, la comtesse d'Orcé, Mélanie.

Mélanie, donnant le bras à la comtesse et
apercevant Euphémie.
Venez, venez, ma soeur,
À la noble infortune ouvrir vos bras...

La Comtesse D'Orcé, tombant évanouie sur sa
chaise, et avec un cri.
Constance!

Euphémie, aux pieds de sa mère.
Ma mère!

Mélanie.
Est-il bien vrai? Sa mère! ô providence!

La Comtesse D'Orcé, revenant à elle, avec un
signe d'effroi et de douleur.
Ciel! Qu'ai-je vu? Ma fille attachée aux autels!...
Pour jamais! J'ai formé ces liens éternels!
Ce voile, ce bandeau m'accuseront sans cesse...
Par quel évènement instruis-moi ta tendresse...
À de si doux transports tu peux t'abandonner!

Avec des larmes, et embrassant sa fille.

Va, le suprême effort est de me pardonner.

Euphémie.
Ma mère que j'embrasse!

La Comtesse D'Orcé.
Oui, tu revois ta mère,
Ta mère infortunée.

Euphémie.
Elle m'en est plus chère.

Elle se relève.
Qui peut avoir causé ce changement affreux?

La Comtesse D'Orcé.
Ton frère.

Euphémie.
Mon frère!

La Comtesse D'Orcé.
Oui, cet objet de mes voeux,
Qui m'a fait méconnaître, et haïr ma famille,
Ce fils...

Prenant la main à Euphémie, et en pleurant.

à qui j'ai pu sacrifier ma fille...

Euphémie, vivement.
Je ne sens que vos maux.

La Comtesse D'Orcé.
De mes biens possesseur,
Sourd à la voix du sang, au cri de la douleur...
Ma fille, j'eus pour toi la même barbarie
Il a chassé sa mère avec ignominie.
Le ciel étoit, hélas! Contre moi courroucé.
Juge de mes malheurs! La comtesse d'Orcé,
Qu'aveugla si long-tems le rang et l'opulence,
En proie à ces horreurs, qui suivent l'indigence,
Sans amis, sans espoir, sans nul soulagement,
Victime du besoin du besoin consumant,
Venoit en cet asyle, ouvert à la disgrace,
Attendant le tombeau, mandier une place...
L'emploi de domestique...

Euphémie, tombant dans les bras de sa mère, et

Après une longue pause.

à peine je reviens.

Avec transport et en pleurant.

Vous ne descendrez point à ces honteux moyens,
Pour soulager le poids d'une horrible infortune;
Je souffrirai pour vous une vie importune;

Vivement.

Je ne vais m'occuper, m'arrachant à la mort
Que de l'unique soin d'adoucir votre sort,
De vous venger d'un fils je peux cette parente,
Qui du cloître en ses bras me transporta mourante,
Qui seule dans ces murs me vit rendre à des fers,
Que je voulois cacher à vous, à l'univers,
Ce coeur si généreux m'a laissé l'héritage
D'un leger revenu...

Rapidement:
qu'il soit votre partage;
J'ajouterai, ma mère, à ce faible secours,
Le travail de mes mains j'immolerai mes jours,
Tout je mourrois cent fois, ô mère que j'adore,
Pour vous prouver l'amour...

La Comtesse D'Orcé l'embrassant.
Tu peux m'aimer encore,
Ô ma fille! Oublier...

Euphémie.

Je ne songe qu'à vous.
En montrant Mélanie.
Voici votre autre fille; elle est digne de nous;
Sensible à l'amitié, le malheur l'intéresse;
Elle réunira ses soins et sa tendresse.

La Comtesse D'Orcé d'un ton pénétré.
En ma faveur déjà son coeur s'est déclaré,
Et d'un juste retour le mien est pénétré...

En lui tendant la main.

Mélanie à la comtesse.
Je ne vous ai donné qu'un sentiment stérile.
Si ma tendre amitié pouvoit vous être utile
Je rendrois grace au ciel, qui vous doit son appui.
Le calme, le bonheur ne viennent que de lui;
Lui seul peut consoler, relever l'infortune.
Mais ma présence ici pourroit vous être importune...
Elle fait quelques pas pour se retirer.

La Comtesse D'Orcé se levant.
Non, demeurez. Pour vous aurions-nous des secrets,
Madame? montrant sa fille. publiez ses vertus, mes regrets,
Mon repentir, les pleurs que le remords me coûte,
Tous ses bienfaits...

Euphémie embrassant sa mère.
C'est vous qui m'obligez sans doute,
Nous pourrons vivre ensemble et pleurer toutes deux...
Ma mère hélas! Bientôt vous fermerez mes yeux.

La Comtesse D'Orcé.
C'est toi, qui fermeras ma mourante paupière.

Euphémie.
Ne songeons qu'au plaisir de soulager ma mère.
Allons...

Elle donne la main à sa mère.

La Comtesse D'Orcé appercevant le cercueil, et
Reculant d'effroi.
Dieu! Qu'ai-je vu?

Mélanie à la comtesse.
Notre loi, chaque nuit,
Nous ramène au cercueil, où la terreur nous suit,
Nous présente la fin qui nous est destinée.
Euphémie à sa mère avec un gémissement.
Oui voilà mon asyle, et mon lit d'hymenée!
La comtesse à ce dernier mot pleure, regarde
Tendrement sa fille, et tombe dans ses bras.
Euphémie, après une longue pause, dit à sa mère;
Vous saurez tous mes maux.

À Mélanie.
ne m'abandonnez pas;
Que ce jour voie enfin terminer mes combats!
Hâter l'heureux instant, où mon ame accablée
Par cet ange de paix doit être consolée.

Le rideau se baisse.

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