CAPRICE
O poète, faux pauvre et faux riche, homme vrai,
Jusqu'en l'extérieur riche et pauvre pas vrai
(Dès l'or, comment veux-tu qu'on soit sûr de ton coeur ?)
Tour à tour souple, drôle et monsieur somptueux,
Du vert clair plein d' « espère » au noir componctueux,
Ton habit a toujours quelque détail blagueur.
Un bouton manque. Un fil dépasse. D'où venue
Cette tache -ah çà, malvenue ou bienvenue ?-
Qui rit et pleure sur le cheviot et la toile ?
Noeud noué bien et mal, soulier luisant et terne.
Bref, un type à se pendre à la Vieille-Lanterne
Comme à marcher, gai proverbe, à la belle étoile.
Gueux, mais pas comme ça, l'homme vrai, le seul vrai,
Poète, va, si ton langage n'est pas vrai.
Toi l'es, et ton langage, alors ! Tant pis pour ceux
Qui n'auront pas aimé, fous comme autant de tois,
La lune pour chauffer les sans femmes ni toits,
La mort, ah ! pour bercer les coeurs malchanceux,
Pauvres coeurs mal tombés, trop bons et très fiers certes !
Car l'ironie éclate aux lèvres belles, certes,
De vos blessures, coeurs plus blessés qù'une cible,
Petits sacrés-coeurs de Jésus plus lamentables !
Va, poète, le seul des hommes véritables,
Meurs sauvé, meurs de faim pourtant le moins possible.