PLUME DE POÉSIES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

PLUME DE POÉSIES

Forum de poésies et de partage. Poèmes et citations par noms,Thèmes et pays. Écrivez vos Poésies et nouvelles ici. Les amoureux de la poésie sont les bienvenus.
 
AccueilPORTAILS'enregistrerDernières imagesConnexion
 

 Victor HUGO (1802-1885) Le poète

Aller en bas 
AuteurMessage
Inaya
Plume d'Eau
Inaya


Féminin
Rat
Nombre de messages : 50031
Age : 63
Date d'inscription : 05/11/2010

Victor HUGO (1802-1885) Le poète  Empty
MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Le poète    Victor HUGO (1802-1885) Le poète  Icon_minitimeVen 16 Sep - 23:58

LE POËTE

Shakspeare songe; loin du Versaille éclatant,
Des buis taillés, des ifs peignés, où l'on entend
Gémir la tragédie éplorée et prolixe,
Il contemple la foule avec son regard fixe,
Et toute la forêt frissonne devant lui.
Pâle, il marche, au dedans de lui-même ébloui;
Il va, farouche, fauve, et, comme une crinière,
Secouant sur sa tête un haillon de lumière.
Son crâne, dont on voit la lueur du dehors;
Le monde tout entier passe à travers son crible;
Il tient toute la vie en son poignet terrible;
Il fait sortir de l'homme un sanglot surhumain,
Dans ce génie étrange où l'on perd son chemin,
Comme dans une mer, notre esprit parfois sombre;
Nous sentons, frémissants, dans son théâtre sombre,
Passer sur nous le vent de sa bouche soufflant,
Et ses doigts nous ouvrir et nous fouiller le flanc.
Jamais il ne recule; il est géant, il dompte
Richard-Trois, léopard, Caliban, mastodonte;
L'idéal est le vin que verse ce Bacchus.
Les sujets monstrueux qu'il a pris et vaincus
Râlent autour de lui, splendides ou difformes;
Il étreint Lear, Brutus, Hamlet, êtres énormes,
Capulet, Montaigu, César, et, tour à tour,
Les stryges dans le bois, le spectre sur la tour;
Et, même après Eschyle, effarant Melpomène,
Sinistre, ayant aux mains des lambeaux d'âme humaine,
De la chair d'Othello, des restes de Macbeth,
Dans son oeuvre, du drame effrayant alphabet,
Il se repose; ainsi le noir lion des jungles
S'endort dans l'antre immense avec du sang aux ongles.

Paris, avril 1835.

Revenir en haut Aller en bas
 
Victor HUGO (1802-1885) Le poète
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Victor HUGO (1802-1885) A un poète
» Victor HUGO (1802-1885) A un poète
» Victor HUGO (1802-1885) Le poète
» Victor HUGO (1802-1885) Au fils d'un poète
» A un poète aveugle ( de Victor HUGO (1802-1885)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
PLUME DE POÉSIES :: POÈTES & POÉSIES INTERNATIONALES :: POÈMES FRANCAIS-
Sauter vers: