soit, c' est dit. Tout n' est plus qu' une cendre qui vole.
La révolution française est une folle,
une drôlesse, à qui Bruxelles dit : va-t' en !
Danton est empoigné par monsieur d' Anethan
et Robespierre est pris au collet par Cornesse ;
on met Paris au poste ainsi qu' une ivrognesse ;
nous sommes un troupeau de moutons qui n' est bon
qu' à suivre son berger et son boucher Bourbon ;
depuis quatre cents ans l' esprit humain radote.
Qu' est-ce que le progrès ? Une vieille anecdote.
Nous nous sommes repus de chimères ; le vrai,
c' est Sanchez en morale, en finances Terray ;
la guillotine est bien, la potence est meilleure ;
ce que nous appelons conscience est un leurre ;
Dieu parle dans le dogme et non dans la raison ;
le confessionnal nous offre sa cloison,
collons-y notre oreille et soyons imbéciles,
c' est le salut. Faisons vers les hommes fossiles
le plus que nous pourrons de pas à reculons.
Le vrai but resplendit derrière nos talons ;
c' est le passé, le trône et l' autel, l' ignorance.
Déshabituons-nous de ce grand mot : la France.
Le pape a décrété qu' il est Dieu ; donc il l' est.
L' esprit, qui de Paris sur le monde soufflait,
semait de la folie aux quatre vents éparse ;
les droits de l' homme sont une assez triste farce ;
le monarque est le char, le peuple est le pavé ;
nous n' avons rien créé, nous n' avons rien trouvé ;
à nos inventions mettons le bonnet d' âne ;
Molière n' est qu' un drôle, et Tartuffe le damne ;
Jean-Jacque est un croquant, Voltaire est un grimaud,
et Trublet, Patouillet, Pluche, ont le dernier mot.
Altwies, 20 septembre 1871.
1874, 12, 13