PLUME DE POÉSIES
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 Victor HUGO (1802-1885) La femme , les deux trouvailles de Gallus Acte deuxième La marquise Zabeth scène III

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James
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James


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Victor HUGO (1802-1885) La femme , les deux trouvailles de Gallus Acte deuxième La marquise Zabeth scène III Empty
MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) La femme , les deux trouvailles de Gallus Acte deuxième La marquise Zabeth scène III   Victor HUGO (1802-1885) La femme , les deux trouvailles de Gallus Acte deuxième La marquise Zabeth scène III Icon_minitimeDim 18 Sep - 15:21

LA FEMME , LES DEUX TROUVAILLES DE GALLUS , ESCA , ACTE



DEUXIEME : LA MARQUISE ZABETH , SCENE III .

Tous, en arrivant, saluent Gallus, qui donne la main à quelques-
uns.
L' abbé, chantant et dansant.
Les boeufs aux champs,
commère !
Les Anglais sont méchants,



la Prusse est en colère,
l' Autriche n' est pas claire,
qu' ils s' en aillent lanlaire.
Commère,
les boeufs aux champs !
ô belle bocagère,
va couper la fougère,
ôte tes bas, bergère,
les sentiers sont bourbeux.
Commère,
aux champs les boeufs !
Zabeth en entrant jette sur un fauteuil sa faille et son manchon
. Elle tire du
manchon son éventail et le pli que lui a remis Sillette à sa
sortie. Gallus la
salue d' un signe de tête, et Gunich d' une profonde révérence.
Gallus se met
à causer avec le docteur. Les jeunes gens entourent Zabeth.
Lord effingham.
Vous avez là, marquise, une mouche assassine.
Le duc de montbazon.
Mes enfants, mon talent à moi, c' est la cuisine.
Zabeth.
De là ce cordon bleu.
Le vicomte de thouars.
J' arrive du sermon.
L' abbé, posant la guitare sur un pliant.
Je n' y vais plus. On dit trop de mal du démon.
On exagère.
Le vicomte.
Oh oui ! L' abbé Maury, du reste,
tonne agréablement. Voltaire, Oedipe, Oreste,
la vierge d' Orléans, les juifs, les mécréants...
Zabeth.
Qu' est-ce que c' est que ça, la vierge d' Orléans ?



Le vicomte, continuant.
Il prêche à lui tout seul comme les douze apôtres.
à Zabeth.
Vous autres n' êtes pas admises là.
Zabeth, à part.
Vous autres !
Le duc de créqui.
La vierge, autrement dit la pucelle. Cela
n' a jamais existé. Des vierges, oh la la !
Il rit.
Grande, la femme est fille ; enfant, elle est poupée.
Une vierge ! On n' en voit jamais !
Zabeth.
Bah ! Votre épée.
Le duc de Créqui pirouette dédaigneusement et lui tourne le dos.
Le duc de créqui, au vicomte de thouars.
La Duthé dans un bal t' a, dit-on, maltraité.
Le vicomte.
Et j' ai fait mettre au For-l' évêque la Duthé,
vu que je suis Rohan.
Zabeth, à part, regardant le baronnet.
Breton du premier ordre.
L' abbé, à zabeth, lui montrant les seigneurs.
Dieu fit vos dents pour rire et fit les leurs pour mordre.
Zabeth, à l' abbé, montrant le duc de créqui.
D' où vient que ce petit est duc ?
L' abbé.
Le droit du sang.



Il était digne d' être opulent et puissant,
n' ayant rien dans le coeur ni dans l' âme. Il hérite
d' un oncle. On a toujours les oncles qu' on mérite.
Zabeth, à lord effingham.
à propos, je reçois des sonnets.
Lord effingham.
Des sonnets !
Zabeth, à gallus.
Laclos prête sa femme au duc de Nivernais.
Que dites-vous d' un homme acceptant cet opprobre ?
Gallus, continuant sa conversation comme s' il n' entendait pas
zabeth.
Les pléiades, docteur, qu' on voyait en octobre
à l' est, sont maintenant à l' ouest. Sans Képler
cela serait obscur ; grâce à lui, c' est très clair.
Zabeth, insistant, à gallus.
Le duc lui prend sa femme.
Gallus, s' asseyant.
Eh bien ! Il l' a conquise.
On est très bien assis dans vos fauteuils, marquise.
Dites-moi donc le nom de votre tapissier.
Il se tourne vers les petits seigneurs épars et causant autour de
lui.
Allons-nous voir ce soir Brizard officier
en grand prêtre tragique ? On donne Montezume.
Il se remet à causer avec le docteur.
Le vicomte de thouars, au duc de montbazon.
Montrant Zabeth.
Nous sommes tous ici ses amants, je présume.
Le duc ne s' aperçoit de rien. Vois comme il rit.
Le duc de montbazon.
Il s' aperçoit de tout, mais il a de l' esprit.

p211

Le duc de créqui, au vicomte.
Le crois-tu bête au point d' aimer cette donzelle ?
Zabeth prête l' oreille.
Zabeth, à part.
Donzelle !
Le duc de créqui, au vicomte.
Vois-tu bien, celle qu' on paie et celle
qu' on aime, c' est deux.
Le vicomte de thouars.
Mais d' autres sont fort épris.
Le duc de créqui.
Pas lui.
Le vicomte de thouars, montrant la crédence.
Vois ces cadeaux.
Le duc de créqui, regardant les diamants.
L' écrin est d' un grand prix,
certe !
L' abbé, flairant le bouquet.
En hiver, des fleurs de serre !
Zabeth, à gallus.
Votre altesse
est poëte.
Gallus.
Jamais.
Zabeth, lui tendant le pli qu' elle a à la main.
Lisez donc ceci.
Gallus.
Qu' est-ce ?
Il prend le papier et y jette un coup d' oeil.
Des vers. Fi donc !

p212

Zabeth.
Comment les trouvez-vous ?
Gallus, les parcourant négligemment.
Mauvais.
Zabeth.
Vous les trouveriez bons si vous les aviez faits.
Gallus.
Dieu m' en garde.
Zabeth.
Ces vers sont jolis.
Gallus.
Plats.
Zabeth.
Vous êtes
contrariant.
Gallus.
Des vers d' amour sont toujours bêtes.
L' abbé se remet à flairer les roses de Chine.
L' abbé, se retournant vers zabeth.
Beau bouquet ?
Le docteur, à zabeth.
Qui vous l' a donné ?
Zabeth, montrant le bouquet à gallus.
Qu' en dites-vous ?
Gallus.
C' est un de ces bouquets qu' on a pour trente sous
chez la fleuriste au coin du pavillon d' Hanovre.
L' abbé, admirant les diamants.
Bel écrin !
Zabeth.
Je ne sais qui me l' envoie.

p213

Gallus.
Un pauvre
évidemment. écrin médiocre, et fané.
Zabeth.
Vous le trouveriez beau si vous l' aviez donné.
Le marquis de cochefilet, à zabeth.
à propos, des hautbois dans un parc, c' est classique,
les jardins d' aujourd' hui sont faits pour la musique,
j' aime les violons dans les bois, et l' écho
des cors de chasse au fond des grottes rococo.
Vous offre-t-on toujours une aubade ?
Zabeth.
Oui.
Gallus.
C' est fade.
Je ne sais de qui peut vous venir cette aubade.
C' était joli jadis, mais la mode en passa.
Zabeth.
Si c' était de vous, duc, vous ne diriez pas ça.
Gunich, à part, observant gallus.
Il a bien dépisté Zabeth.
Zabeth.
Moi, je déclare
ces fleurs belles, ces vers charmants, cet écrin rare.
L' aubade, comme un chant des anges affaibli,
me berce, et le matin m' apporte un peu d' oubli.
C' est anonyme. Soit. Moi, pour ne rien vous taire,
si je savais qui m' offre, avec tant de mystère,
tant de galanterie, oui, je pourrais...
Gallus.
Eh bien ?

p214

Zabeth.
L' aimer.
Lord effingham.
Ils sont plusieurs.
Le duc de créqui.
Oh ! Cela ne fait rien.
à Gallus.
Hein ? Si nous savions qui, les bonnes gorges chaudes !
Gallus.
à part.
Comme ils riraient ! --
haut.
Les vers, les fleurs, les émeraudes,
et les aubades, peuh !
Il hausse les épaules et pirouette sur ses talons.
Zabeth.
Toujours vous me froissez,
monseigneur. On dirait que vous me haïssez.
Gallus, froid.
Non.
Zabeth.
Mais ça m' est égal.
Le duc de montbazon, à zabeth.
La haine, c' est province.
L' abbé, à zabeth.
Ne point aimer, ne point haïr, c' est être prince.
Le marquis, au duc de créqui.
Duc, en raillant l' estoc dont tu nous éblouis,
elle éclabousse un peu ta croix de Saint-Louis.

p215

Le duc de créqui.
De sa boue.
Il rit et regarde Zabeth.
Le marquis.
Elle entend. Prends garde. Tu la blesses.
Le duc de créqui.
Qu' est-ce que ça me fait, ces drôlesses ?
Zabeth, aux écoutes, à part.
Drôlesses !
Ricanements autour de Zabeth. Gallus fait un signe. Tous s'
approchent de lui.
Zabeth reste seule à l' autre coin du boudoir.
Gallus, à demi-voix, au groupe des gentilshommes.
Je n' ai pas le travers, qu' ont les gens fatigués,
d' empêcher, étant vieux, les jeunes d' être gais.
Riez. --
au duc de Créqui.
Pourvu, monsieur le duc et pair de France,
que cela n' aille pas jusqu' à la transparence.
Les femmes ! Y compris la reine, j' ai souci
de toutes ces margots autant que de ceci ;
il fait claquer ses doigts.
Mais une étant chez moi, l' on ne doit pas en rire.
Nous sommes bons amis. Je ne trouve à redire
qu' à de certains clins d' yeux railleurs. Messieurs, milords,
c' est compris, n' est-ce pas ? Car, autrement, alors
il faudrait voir un peu la pointe des épées.
Il s' approche de Zabeth et lui montre le paysage nocturne au
dehors.
Ah ! Madame, admirez ces belles échappées
de clair de lune au fond de ces arbres ! La nuit
est un profond concert que gâte notre bruit.
Ce monde, l' homme ôté, serait beau.
Il revient vers le groupe des gentilshommes.
Mais, j' y pense,
messieurs, la comédie à huit heures commence.

p216

Le docteur, tirant sa montre.
Neuf heures.
Gallus.
Hâtons-nous, si nous voulons la voir.
N' y venons-nous pas tous ?
Zabeth, à gallus.
Pas vous. Pas moi. Ce soir
vous soupez tête à tête avec moi.
Gallus.
Tête à tête !
La surprise est charmante, et c' est toute une fête.
Messieurs, vous entendez. Je vous laisse partir.
à Zabeth.
Je reste.
Le duc de montbazon.
Comme il va s' ennuyer !
Le duc de créqui.
ô martyr !
Tous saluent Gallus et sortent.
Zabeth va à la cheminée et sonne. La porte de droite s' ouvre à
deux battants.
Entre Sillette, suivie de quatre laquais portant une table à
deux couverts sur
laquelle est servi un en-cas. Gibier. Vins. Cristaux. Au centre,
un surtout de
table en vermeil avec deux girandoles allumées.
Les valets posent la table au centre du boudoir, et placent un
fauteuil devant
chacun des couverts qui se font vis-à-vis.
Zabeth fait signe à Sillette et aux valets de sortir. Elle ôte
et jette sur un sofa sa
pelisse de soie et de martre, sous laquelle elle est décolletée,
avec un collier et
des bracelets de pierreries.
Elle montre à Gallus un des deux fauteuils et s' assied sur l'
autre.










_________________
J'adore les longs silences, je m'entends rêver...  
James

Victor HUGO (1802-1885) La femme , les deux trouvailles de Gallus Acte deuxième La marquise Zabeth scène III Une_pa12Victor HUGO (1802-1885) La femme , les deux trouvailles de Gallus Acte deuxième La marquise Zabeth scène III Plumes19Victor HUGO (1802-1885) La femme , les deux trouvailles de Gallus Acte deuxième La marquise Zabeth scène III James_12Victor HUGO (1802-1885) La femme , les deux trouvailles de Gallus Acte deuxième La marquise Zabeth scène III Confes12


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