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 Victor HUGO (1802-1885) Ville, ton sort est beau ! ta passion te met

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Victor HUGO (1802-1885) Ville, ton sort est beau ! ta passion te met  Empty
MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Ville, ton sort est beau ! ta passion te met    Victor HUGO (1802-1885) Ville, ton sort est beau ! ta passion te met  Icon_minitimeJeu 22 Sep - 1:31

Ville, ton sort est beau ! ta passion te met,
Ville, au milieu du genre humain, sur un sommet.
Personne ne pourra t'approcher sans entendre
Sortir de ton supplice auguste une voix tendre,
Car tu souffres pour tous et tu saignes pour tous.
Les peuples devant toi feront cercle à genoux.
Le nimbe de l'Etna ne craignait pas Eole,
Et nul vent n'éteindra ta farouche auréole ;
Car ta lumière illustre et terrible, brûlant
Tout ce qui n'est pas vie, honneur, travail, talent,
Devoir, droit, guérison, baume, parfum, dictame,
Est pour l'avenir pourpre et pour le passé flamme ;
Car dans ta clarté, triste et pure, braise et fleur,
L'immense amour se mêle à l'immense douleur.
Grâce à toi, l'homme croit, le progrès naît viable.
O ville, que ton sort tragique est enviable !
Ah ! ta mort laisserait l'univers orphelin.
Un astre est dans ta plaie ; et Carthage ou Berlin
Achèterait au prix de toutes ses rapines
Et de tous ses bonheurs ta couronne d'épines.
Jamais enclume autant que toi n'étincela.
Ville, tu fonderas l'Europe. Ah ! d'ici là
Que de tourments ! Paris, ce que ta gloire attire,
La dette qu'on te vient payer, c'est le martyre.
Accepte. Va, c'est grand. Sois le peuple héros.
Laisse après les tyrans arriver les bourreaux,
Après le mal subis le pire, et reste calme.
Ton épée en ta main devient lentement palme.
Fais ce qu'ont fait les Grecs, les Romains, les Hébreux.
Emplis de ta splendeur le moule ténébreux.
Les peuples t'auront vue, ô cité magnanime,
Après avoir été la lueur de l'abîme,
Après avoir lutté comme c'est le devoir,
Après avoir été cratère, après avoir
Fait bouillonner, forum, cirque, creuset, vésuve,
Toute la liberté du monde dans ta cuve,
Après avoir chassé la Prusse, affreux géant,
Te dressant tout à coup hors du gouffre béant,
En bronze, déité d'éternité vêtue,
Flamboyer lave, et puis te refroidir statue !
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Victor HUGO (1802-1885) Ville, ton sort est beau ! ta passion te met
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