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 Joseph Autran (1813-1877) La Fin De L'Epopée.I

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MessageSujet: Joseph Autran (1813-1877) La Fin De L'Epopée.I   Joseph Autran (1813-1877) La Fin De L'Epopée.I Icon_minitimeJeu 5 Jan - 23:03

La Fin De L'Epopée.

I

« C’est trop longtemps errer! Par ces champs, par ces bois,
Par ces monts, où toi seule, ô Diane! me vois,
C’est marcher trop longtemps, appesanti par l’âge.
A quoi me sert d’ailleurs cet éternel voyage?
Que sert de visiter sans cesse d’autres lieux,
A qui porte la nuit dans le pli de ses yeux?
Aveugle, il pourra bien, d’une oreille attentive,
Recueillir toute voix ou joyeuse ou plaintive,
Du vent dans les rameaux écouter les accords.
Écouter l’Océan qui gémit à ses bords,
Et surtout, vers les murs où l’instinct le ramène.
Cet ineffable son de la parole humaine;
Mais les traits du tableau, la couleur, le contour,
Tout cela s’est éteint, tout a fui sans retour.

A peine avec effort, dans ma sombre pensée,
J’en retrouve parfois une image effacée.
Soleil! toi qui d’en haut lances tes flèches d’or,
Il fut pourtant des jours où, fier et jeune encor,
Et les deux yeux ouverts à ta douce lumière,
Je marchais devant toi dans ma force première!
Qu’ai-je fait de ces jours? J’ai passé, j’ai vécu.
Je défiais le temps, et le temps m’a vaincu -,
Et je n’ai rien sauvé, de ce combat suprême,
Que l’écho d’une voix qui s’éteint elle-même.
La cigale ainsi chante aux beaux jours de l’été,
Puis, quand revient l’hiver au souffle redouté,
L’indigente chanteuse humblement se retire,
Et, dans son nid obscur, en silence elle expire.
Fais comme elle, ô chanteur! puisque c’est là le sort;
Regagne ton berceau pour y trouver la mort.
J’irai! des yeux du coeur je veux te voir encore,
Smyrne, chère cité, voisine de l’Aurore;
Et toi, divin Mélès, flot pur, eau sans limon,
Fleuve qui me vis naître et me donnas ton nom!
C’est l’espoir d’un tombeau sur votre doux rivage,
Qui refait chaque jour ma force et mon courage.
Dans la vieille Argolide aujourd’hui parvenu,
Mon pied s’est retrouvé dans un sentier connu;

Mais que de pas encore et de douleurs sans doute
Avant de vous atteindre. . . O lenteurs de la route!
Sous la pluie ou le vent, heures qu’il faut passer;
Montagnes à gravir, fleuves à traverser;
La mer, enfin, la mer, vaste et farouche empire!
Si tant est qu’un patron de barque ou de navire,
Aux pleurs d’un mendiant se laissant attendrir,
L’accueille sous sa voile et veuille le nourrir! »

Ce disant, il allait, il marchait avec peine,
S’appuyant des deux mains sur un bâton de chêne.
Une lyre à son dos pendait, et l’instrument
Aux derniers vents du jour vibrait confusément.
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Joseph Autran (1813-1877) La Fin De L'Epopée.I
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