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 William Chapman (1850-1917) Nos trois couleurs

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MessageSujet: William Chapman (1850-1917) Nos trois couleurs   William Chapman (1850-1917) Nos trois couleurs Icon_minitimeMar 22 Mai - 21:46

Nos trois couleurs


Aux Canadiens qui veulent
remplacer le drapeau tricolore par la
bannière du Sacré-Coeur comme
emblème national.

Quoi! vous voulez chasser l'étendard de la France,
Comme vous chasseriez un ignoble oripeau!
Quoi! vous voulez changer tout à coup de drapeau!
C'est de la trahison et c'est de la démence.

Pourquoi donc voulez-vous rejeter les couleurs
Que tant de fois chanta l'immortel Crémazie?
Pourquoi cet abandon et cette apostasie?.
De mon coeur à mes yeux je sens monter des pleurs.



Ce poème a été écrit à la suite d'une discussion que l'auteur venait d'avoir avec une
dizaine de Canadiens qui avaient devant lui méprisé la France et exprimé le désir de remplacer
son drapeau par la bannière du Sacré-Coeur. Il n'était pas alors question de l'étendard adopté,
quelques mois après, par certains groupes, sous le nom de Carillon-Sacré-Coeur, dont il respecte,
admire et estime les champions, qui se recrutent parmi plusieurs hommes les plus dignes du
Canada. M. Chapman croit que ses compatriotes doivent garder, à côté du drapeau britannique,
les couleurs de l'ancienne mère patrie, tout comme les Irlandais ont conservé, durant des siècles,
celles de la verte Erin, - surtout depuis l'entente anglo-française. Avec l'abbé Lemire, qui
combattit, à un congrès de prêtres français réunis à Bourges, en , l'idée de fixer l'image du
Sacré-Coeur sur les trois couleurs, il dit: «Je ne connais qu'un drapeau catholique, c'est le signe
de la croix, qui nous rappelle le grand mystère de notre Rédemption. » (Note de l'éditeur).



Pourquoi reniez-vous cette noble bannière,
Qui déroule ses plis altiers sous tous les cieux,
Et symbolise ici le pays des aïeux?
Pourquoi reniez-vous la France votre mère?

Pourquoi reniez-vous celle qui féconda
De son sang le plus pur la terre d'Amérique?
Pourquoi reniez-vous cette Gaule héroïque
Qui de ses fils peupla les bords du Canada?

Pourquoi lui montrez-vous, à l'ombre de l'érable,
Pareille ingratitude et pareille rancoeur?
Est-ce pour la punir d'avoir au Sacré-Coeur
Élevé tout naguère un temple incomparable?

Est-ce pour la punir de dépenser son or
A propager la foi jusqu'aux confins du globe,
De laisser partout choir des replis de sa robe
Les trésors recueillis au sommet du Thabor?

Serait-ce pour avoir construit un sanctuaire
À la gloire de Celle en qui Dieu s'incarna,
Sur une grotte, au pied d'un mont, nouveau Sina,
Où, depuis trente ans, vient prier toute la terre?

Serait-ce pour avoir, le front ceint d'un bandeau
De rayons allumés par la valeur guerrière,
Envoyé Pimodan et de Lamoricière
Aux bourgs de Mentana, de Castelfidardo?

Mais vous avez rêvé de supprimer l'aurore.
Nul ne peut expliquer semblable trahison.
Non, hardis novateurs, vous n'avez pas raison
De déserter ainsi le drapeau tricolore.

Le drapeau tricolore! À peine a-t-il cent ans,
Et jamais labarum, en tête d'une armée,
Déchiré par le plomb, noirci par la fumée,
Ne vit aux champs d'honneur hauts faits plus éclatants.

Non, non, jamais couleurs, dans les grands chocs épiques,
Ne gonflèrent au vent des plis plus orgueilleux
Que n'en fit ondoyer ce drapeau glorieux
Des neiges de Russie aux sables des tropiques!

Il a, durant quinze ans, plané sur des combats
Comme n'en avait point enregistré l'Histoire.
Et ce jeune étendard, l'amant de la victoire,
Vous pourriez aujourd'hui le remplacer? Non pas!

Rien ne peut remplacer son ombre si féconde.
Et Lamartine, un jour, a dit à des criards:
- Le drapeau rouge a fait le tour du Champ de Mars,
Le drapeau tricolore a fait le tour du monde! -

Il fit le tour du monde, et ses plis immortels,
Que tout vrai Canadien respecte, honore et baise,
S'enlacent avec ceux de la bannière anglaise:
On ne peut désunir ces rivaux fraternels.

Je veux les voir flotter tous deux sur notre terre.
Mon père avec orgueil et vénération
Se découvrait devant le drapeau d'Albion,
Les trois couleurs faisaient s'agenouiller ma mère.

Et parce que ma mère a su toujours chérir
Ce sublime haillon troué par la mitraille,
Que l'on m'en applaudisse ou bien que l'on m'en raille,
Je combattrai tous ceux qui voudront le trahir!

Oui, je le défendrai sans trêve et sans relâche,
Quand il ne resterait aux bords laurentiens
Que cent hommes de coeur pour être ses soutiens
Et m'aider à remplir ma noble et sainte tâche.

Pour garder ces couleurs, d'un aussi fier éclat,
S'il n'en restait que vingt, je lutterais quand même,
S'il n 'en restait que dix, je serais le dixième,
S'il n 'en restait qu 'un seul, je serais celui-là.

Je lutterais debout sur des murs en ruine,
Agitant fièrement cet auguste drapeau,
La feuille de l'érable altier à mon chapeau,
Et l'emblème du Coeur Sacré sur ma poitrine.

Je combattrais toujours parmi les plus ardents,
Portant le tricolore avec des mains crispées,
Et si l'on me tranchait les bras à coups d'épées,
Je tiendrais ses lambeaux serrés entre mes dents.

Et si l'on me poussait dans l'onde ou dans la flamme,
Si l'on rompait mes os, si l'on crevait mes yeux,
On ne me prendrait pas ce haillon glorieux,
Car je cache ses plis dans les plis de mon âme!
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William Chapman (1850-1917) Nos trois couleurs
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