XI
D’un roi facile et bon corrupteurs détrônés,
Riez; mais le torrent s’amasse.
Riez; mais du volcan les feux emprisonnés
Bouillonnent. Des lions si long-temps déchaînés
Vous n’attendiez plus tant d’audace?
Le peuple est réveillé. Le peuple est souverain.
Tout est vaincu. La tyrannie en vain,
Monstre aux bouches de bronze, arme pour cette guerre
Ses cent yeux, ses vingt mille bras,
Ses flancs gros de salpêtre, où mugit le tonnerre:
Sous son pied faible elle sent fuir sa terre,
Et meurt sous les pesants éclats
Des créneaux fulminans; des tours et des murailles
Qui ceignaient son front détesté.
Déraciné dans ses entrailles,
L’enfer de la Bastille à tous les vents jeté,
Vole, débris infâme, et cendre inanimée;
Et de ces grands tombeaux, la belle liberté,
Altière, étincelante, armée,