XVI
Mais au peuple surtout sauvez l’abus amer
De sa subite indépendance.
Contenez dans son lit cette orageuse mer.
Par vous seuls dépouillé de ses liens de fer,
Dirigez sa bouillante enfance.
Vers les lois, le devoir, et l’ordre, et l’équité,
Guidez, hélas! sa jeune liberté.
Gardez que nul remords n’en attriste la fête.
Repoussant d’antiques affronts,
Qu’il brise pour jamais, dans sa noble conquête,
Le joug honteux qui pesait sur sa tête,
Sans le poser sur d’autres fronts.
Ah! ne le laissez pas, dans la sanglante rage
D’un ressentiment inhumain,
Souiller sa cause et votre ouvrage.
Ah! ne le laissez pas sans conseil et sans frein,
Armant, pour soutenir ses droits si légitimés,
La torche incendiaire et le fer assassin,
Venger la raison par des crimes.