Libation Au Jour Futur.
Je suis monté au plus haut de la montagne pour porter mon toast au jour futur -
(au jour nouveau, à celui qui viendra, il succède à cette nuit même peut-être).
Jusqu’au plus haut de la montagne, avec cette coupe de glace qu’elle porte aux
lèvres de l’Aurore! Je suis dedans tout nu; elle était si pleine qu’en y entrant
j’ai fait crouler l’eau comme une cataracte. Je danse dans l’ébullition de la
source comme un grain de raisin dans une coupe de Champagne. Je ne distingue pas
cette couche jaillissante que je pétris du ventre et des genoux du gouffre d’air
dont me sépare le bord mince: au-dessous de moi surgit l’aigle criard. Belle
Aurore! d’un trait tu es ici de la mer là-bas entre les îles! Bois, que je
ressente jusqu’aux plantes dans le sein de cette liqueur où je suis enfoncé
l’ébranlement de ta lèvre qui s’y trempe. Que le soleil se lève! que je voie
l’ombre légère de mon corps suspendu se peindre sous moi sur le sable de la
piscine entouré de l’iris aux sept couleurs!