PLUME DE POÉSIES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

PLUME DE POÉSIES

Forum de poésies et de partage. Poèmes et citations par noms,Thèmes et pays. Écrivez vos Poésies et nouvelles ici. Les amoureux de la poésie sont les bienvenus.
 
AccueilPORTAILS'enregistrerDernières imagesConnexion
 

 Sidonie-Gabrielle Colette.(1873-1954)LES PETITES BOUTIQUES. (Le Matin, 25 décembre 1913)

Aller en bas 
AuteurMessage
James
FONDATEUR ADMINISTRATEUR
FONDATEUR ADMINISTRATEUR
James


Masculin
Dragon
Nombre de messages : 149216
Age : 59
Localisation : Mon Ailleurs c'est Charleville-Mézières
Date d'inscription : 04/09/2007

Sidonie-Gabrielle Colette.(1873-1954)LES PETITES BOUTIQUES. (Le Matin, 25 décembre 1913) Empty
MessageSujet: Sidonie-Gabrielle Colette.(1873-1954)LES PETITES BOUTIQUES. (Le Matin, 25 décembre 1913)   Sidonie-Gabrielle Colette.(1873-1954)LES PETITES BOUTIQUES. (Le Matin, 25 décembre 1913) Icon_minitimeVen 22 Juin - 18:02

LES PETITES BOUTIQUES. (Le Matin, 25 décembre 1913)

Rien de bien nouveau au boulevard, dans les petites boutiques. La pâte à
chaussures règne, le bouton de faux-col en nacre est à son poste, de même que
l'indéfectible nougat et la carte de visite « à la minute ». Un « bonbon
américain » vaut qu'on s'arrête le temps d'emplir, puis de vider, à grosses
bouchées légères, un cornet de maïs éclaté, roulé dans du miel chaud ; -
précieux, innocent bonbon, qu'on fabrique sans manipulation! Le poisson rouge
tourne, depuis deux hivers, dans son bocal rond irisé, qui n'existe pas, bulle
de verre créée par la giration d'un déchet de fer-blanc...

On achète tout de même, on badaude, mais il fait très froid. Les chaussures, le
bas des jupes blanchissent de poussière sèche comme en plein été. Les femmes,
les fillettes, montrent contre le froid une bravoure enragée ; il n'y a guère de
pauvre diable mal vêtu qui ne soit, cet hiver, plus couvert qu'une femme
élégante : robe courte, point de jupon, bas de mousseline et souliers
décolletés, trois doigts de fourrure au cou, elles trottent ainsi par cinq
degrés sous zéro et ne meurent pas. Tant mieux.

Il y a, près de l'Opéra, autour d'une baraque, un groupe attentif où personne ne
grelotte ni ne bat la semelle. Ce sont les joueurs de la roulette à un sou. On
n'y gagne que des bonbons, des oranges, -l'attrait du lot est nul ; c'est le jeu
qui compte, le jeu dans toute sa beauté. Les gens qui jouent là n'ont pas envie
de gagner, ils ont envie de ne pas perdre. Un premier sou, -un autre, encore un
autre... Les deux soldats aux mains noires de froid, le gosse pâle, l'homme à
moustache grise, les trottins bras dessus bras dessous, tous ceux qui se sont
arrêtés là deviennent soudain muets, patients, insensibles au gel. Ils suivent
la ronde des secteurs colorés, le sautillement de la baleine souple, contre la
barrière nickelée. Plusieurs ont une expression lointaine, obtuse et douce, de
dormeurs qui ont gardé les yeux ouverts...

Pendant le quart d'heure que nous avons passé là, le forain-croupier encaissait
très régulièrement six sous par minute.



_________________
J'adore les longs silences, je m'entends rêver...  
James

Sidonie-Gabrielle Colette.(1873-1954)LES PETITES BOUTIQUES. (Le Matin, 25 décembre 1913) Une_pa12Sidonie-Gabrielle Colette.(1873-1954)LES PETITES BOUTIQUES. (Le Matin, 25 décembre 1913) Plumes19Sidonie-Gabrielle Colette.(1873-1954)LES PETITES BOUTIQUES. (Le Matin, 25 décembre 1913) James_12Sidonie-Gabrielle Colette.(1873-1954)LES PETITES BOUTIQUES. (Le Matin, 25 décembre 1913) Confes12


Sidonie-Gabrielle Colette.(1873-1954)LES PETITES BOUTIQUES. (Le Matin, 25 décembre 1913) Sceau110
Revenir en haut Aller en bas
https://www.plumedepoesies.org
 
Sidonie-Gabrielle Colette.(1873-1954)LES PETITES BOUTIQUES. (Le Matin, 25 décembre 1913)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
PLUME DE POÉSIES :: POÈTES & POÉSIES INTERNATIONALES :: POÈMES FRANCAIS-
Sauter vers: