PLUME DE POÉSIES
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 François Coppée. (1842-1908)L'EMPEREUR est depuis deux ans à Sainte-Hélène. I

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James
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James


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François Coppée. (1842-1908)L'EMPEREUR est depuis deux ans à Sainte-Hélène. I Empty
MessageSujet: François Coppée. (1842-1908)L'EMPEREUR est depuis deux ans à Sainte-Hélène. I   François Coppée. (1842-1908)L'EMPEREUR est depuis deux ans à Sainte-Hélène. I Icon_minitimeSam 14 Juil - 9:25

L'EMPEREUR est depuis deux ans à Sainte-Hélène.
Le climat l'a flétri de sa mortelle haleine.
Il décline en dépit des soins d'O'Méara.
Soyez contents, ô rois geôliers! Il en mourra.
Aujourd'hui, cependant, son humeur est moins noire.
Que faire? Travailler et dicter son histoire?
Las Cases n'est plus là pour le Mémorial.
Pensif, il reconnaît son masque impérial,
Quand au miroir, après le bain, il se regarde.
Puis, ayant mis l'habit des chasseurs de la garde,
L'habit vert étoilé de la plaque d'argent
Et l'illustre chapeau présenté par Marchand,
Le voilà tel qu'il doit durer dans la légende!
Et quand paraît au seuil le médecin d'Irlande,
Par qui se sent aimé le glorieux martyr,
Il dit presque gaiement :
« Venez... Je veux sortir. »

Mais autour de Longwood où se meurt l'aigle en cage,
C'est toujours l'accablant et morne paysage
De gommiers rabougris et de cactus poudreux;
Et dans l'étroit vallon bordé de rocs affreux,
Au bout duquel la mer au loin miroite et bouge,
L'Empereur trouvera partout le soldat rouge
Qui lui semble un verrou vivant de sa prison.
Qu'importe! Il a besoin d'espace et d'horizon,
Ce matin. La douleur de sa lente agonie
Se bercera, croit-il, à la plainte infinie
De la lame de fond croulant sur les galets.
Il va donc, s'irritant du salut des Anglais
Qui font de leurs fusils sonner les capucines.
Il atteint le sommet des falaises voisines;
Mais, quand du haut d'un cap il découvre la mer,
Un brick de guerre est là, qui louvoie, ayant l'air
Inquiet du captif et de ses promenades,
Et qui braque sur lui toutes ses caronades.

Rentrons, docteur, » dit-il d'un accent rude et prompt.

Or, comme il s'en revient, sombre et baissant le front,
Qu'à tant de rois jadis il montra si superbe,
Soudain Napoléon voit un papier dans l'herbe,
Une lettre au cachet rompu qu'on perdit là.

u Une lettre!... Parbleu, docteur, ramassez-la.
Le mystère m'étouffe où l'on nous enveloppe.
C'est un moyen d'avoir des nouvelles d'Europe.

Oui, vous me traduirez ceci... Je veux savoir
Si, comme en vos pamphlets, j'y suis peint plus en noir
Qu'un ogre dévorant des enfants dans son antre...
Puis, ainsi, nous tuerons une heure. »

Il dit et rentre

A Longwood, ce taudis malsain sur un rocher.
Il mène O'Méara dans sa chambre à coucher
Et tombe en un fauteuil, croisant ses jambes fines.
Quel lugubre logis! Au mur, deux carabines
Se rouillent, le pays n'ayant pas de gibier.
L'humidité décolle et pourrit le papier
De tenture. Ici tout se dégrade et s'altère.
Quant aux meubles, voici le chétif inventaire :
Un vieux divan qu'usa le frottement du dos.
L'étroit lit d'Austerlitz sous de maigres rideaux,
Où le grand prisonnier veille des nuits entières.
Quelques livres épars. Quatre ou cinq tabatières
Dont, plus tard, aux amis d'exil il fera don.
Des bottes dans un coin et, sur un guéridon,
Les fioles du docteur que, sceptique, il méprise.
Pendue à quelque clou, la redingote grise
Qui rappelle Iéna, Wagram et Champaubert.
Des gants flétris jetés dans un tiroir ouvert.
Sur un bureau mesquin, des papiers, une carte...
Était-il mieux logé, le jeune Bonaparte
Du quai Conti, quand la misère l'affama
Et quand il empruntait un louis à Talma?
Ce pauvre a possédé l'Europe... O destinée!
Cependant, un objet, là, sur la cheminée
Reste, en ce pitoyable et sinistre milieu,
33f
Bien cher à ce captif qui fut un demi-dieu.
C'est le dernier trésor que conserve. cet homme :
Le buste d'un très bel enfant, du Roi de Rome.

_________________
J'adore les longs silences, je m'entends rêver...  
James

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