Sonnet à Mme N.
A Madame N.
Je voudrais, en groupant des souvenirs divers,
Imiter le concert de vos grâces mystiques.
J'y vois, par un soir d'or où valsent les moustiques,
La libellule bleue effleurant les joncs verts;
J'y vois la brune amie à qui rêvait en vers
Celui qui fit le doux cantique des cantiques;
J'y vois ces yeux qui, dans des tableaux encaustiques
Sont, depuis Cléopâtre, encore grands ouverts.
Mais, l'opulent contour de l'épaule ivoirine,
La courbe des trésors jumeaux de la poitrine,
Font contraste à ce frêle aspect aérien;
Et, sur le charme pris aux splendeurs anciennes,
La jeunesse vivante a répandu les siennes
Auprès de qui cantique ou tableau ne sont rien.
Madrigal (sur un carnet d'ivoire)
Mes vers, sur les lames d'ivoire
De votre carnet, font semblant
D'imiter la floraison noire
Des cheveux sur votre cou blanc.
Il faudrait d'immortelles strophes
A votre charme triomphal,
Quand dans un tourbillon d'étoffes
Vous entrez follement au bal.
Le sein palpite sous la gaze
Et, fermés à demi, les yeux
Voilent leurs éclairs de topaze
Sous la frange des cils soyeux.
Willis parisienne, empreinte
D'un charme inquiétant, mais doux,
J'attends, voluptueuse crainte,
La mort, si je valse avec vous.