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 Gérard De Nerval (1808-1855) La mer II

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Inaya
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Inaya


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Gérard De Nerval (1808-1855) La mer  II Empty
MessageSujet: Gérard De Nerval (1808-1855) La mer II   Gérard De Nerval (1808-1855) La mer  II Icon_minitimeJeu 30 Aoû - 23:39

II

La mer a ses perles, le ciel a ses étoiles, mais mon coeur, mon coeur, mon coeur
a son amour.
Grande est la mer et grand le ciel, mais plus grand est mon coeur, et plus beau
que les perles et les étoiles brille et rayonne mon amour.
Petite, jeune fille, viens sur mon vaste coeur; mon coeur et la mer et le ciel
se consument d'un pur amour.
A la voûte azurée du ciel où brillent les belles étoiles, je voudrais coller mes
lèvres dans un ardent baiser, et verser des torrents de larmes.
Toutes ces étoiles sont les yeux de ma petite bien-aimée, ils brillent mille
fois, et m'envoient de gracieux saluts de la voûte azurée du ciel.
Vers la voûte azurée du ciel, vers les yeux de la bien-aimée, je lève dévotement
les bras, et je prie et j'implore:
Doux yeux, gracieuses lumières, donnez le bonheur à mon âme, faites-moi mourir,
et que je vous possède, vous et tout votre ciel.
Des célestes yeux qui brillent là-haut tombent en tremblant des étincelles d'or
à travers la nuit, et mon âme s'ouvre à l'amour de plus en plus.
O célestes yeux qui brillez là-haut! vous répandez des larmes dans mon âme, et
mon âme déborde des pleurs étincelants des étoiles.
Bercé par les vagues et par mes rêveries, je me couche tranquillement dans un
coin obscur de la cahute.
A travers la lucarne ouverte, je regarde là-haut les claires étoiles, les chers
et doux yeux de ma douce maîtresse.
Les chers et doux yeux veillent sur ma tête et ils brillent et clignotent de la
voûte azurée du ciel.
A la voûte azurée du ciel, je regardai heureux durant de longues heures, jusqu'à
ce qu'un voile de brume blanche me dérobât les doux yeux.
Contre la cloison où s'appuie ma tête rêveuse viennent battre les vagues, les
vagues furieuses. Elles bruissent et murmurent à mon oreille: "Pauvre fou! ton
bras est court et le ciel est loin, et les étoiles sont solidement fixées là-
haut avec des clous d'or, - vains désirs, vains soupirs! tu aurais mieux fait de
t'endormir."
Je rêvai d'une vaste lande toute couverte de froide et blanche neige, et sous la
neige blanche, j'étais enterré et je dormais du froid et solitaire sommeil de la
mort.
Pourtant, là-haut, de la claire voûte du ciel, les étoiles, doux yeux de ma
bien-aimée, contemplaient mon tombeau, et elles brillaient d'une sérénité
victorieuse et calme, mais pleine d'amour.
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Gérard De Nerval (1808-1855) La mer II
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