BALADE.
Vous, soyez la tres bien venue
Vers mon cueur, Joyeuse nouvelle,
Avez vous point ma Dame veue?
Contez moi quelque chose d'elle;
Dictes moy, n'est elle pas telle
Qu'estoit? quant derrenierement,
Pour m'oster de merencolie,
M'escrivy amoureusement:
C'estes vous de qui suis amye.
Son vouloir jamais ne se mue,
Ce croy je, mais tient la querelle
De Loyaulté, qu'a retenue
Sa plus prochaine damoiselle;
Bien le monstre, sans que le celle,
Qu'elle se maintient loyaument,
Quant lui plaist, dont je la mercie,
Me mander si tres doulcement:
C'estes vous de qui suis amye.
Pour le plus eureux soubz la nue
Me tiens, quant m'amye s'appelle;
Car en tous lieux, où est congneue,
Chascun la nomme la plus belle;
Dieu doint que, maugré le rebelle
Dangier, je la voye briefment,
Et que de sa bouche me die:
Amy, pensez que seulement
C'estes vous de qui suis amye.
L'ENVOY.
J'ay en mon cueur joyeusement
Escript, afin que ne l'oublie,
Ce refrain qu'ayme chierement:
C'estes vous de qui suis amye.