PLUME DE POÉSIES
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 CHARLES D'ORLÉANS (1394–1465) COMPLAINTE. III

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MessageSujet: CHARLES D'ORLÉANS (1394–1465) COMPLAINTE. III   CHARLES D'ORLÉANS (1394–1465) COMPLAINTE. III Icon_minitimeMer 21 Nov - 15:03

COMPLAINTE.

L'autrier en ung lieu me trouvay,
Triste, pensif et doloreux,
Tout mon fait, bien au long, comptay
Au hault Prince des amoureux,
Lequel m'a esté rigoreux,
Ou temps que mon cueur le servoit;
Et, ainsi qu'il me respondoit,
Souvenir, qui fut au plus pres,
Ses ditz et les miens escripvoit
En la maniere cy apres:

L'AMANT.

Helas! Amours, de vous me plains;
Mais les griefz maulx le me font faire,
Dont mon cueur et moy sommes plains,
Car trop estes de dur afaire;
S'un peu me fussiez debonnaire,
Espoir, que j'ay du tout perdu,
Si me seroit tantost rendu;
Mais pas n'avez tel vostre vueil,
Aincois, par vous m'est deffendu
Plaisant desir et bel acueil.

AMOURS.

Amours respond: A trop grand tort
Vous complaignez, et sans raison,
Car, envers chascun, Reconfort
N'est pas tousjours en sa saison;
Et, si savez qu'en ma maison,
Une coustume se maintient,
C'est assavoir que qui se tient
Pour serviteur de mon hostel,
Mainteffoiz souffrir lui convient;
L'usaige de mes gens est tel.

L'AMANT.

Certes, Sire, vous dictes vray;
Mais l'ordonnance riens ne vault,
Parler en puis, car bien le scay,
Et ay dancié à ce court sault;
Parquoy je congnois le deffault
De doulx plaisir que l'en y a;
Car, quant mon cueur vous depria
Secours, il lui fust escondit,
Adoncques, de dueil regnya
Vostre povoir, et s'en partit.

AMOURS.

Dea! beaulx amis, se dit Amours,
Celui qui a servir se met,
S'il veult avoir tantost secours,
Et le guerdon qu'on lui promet,
Ou autrement, il se desmet
Du service qu'il a empris;
De Loyaulté seroit repris,
Quand je tendray mon jugement,
Et si perdroit tous los et pris,
Sans jamais nul recouvrement.

L'AMANT.

Voire, Sire doit on servir
Sans prouffit, ou guerdon avoir?
Nennil, ung cueur devroit mourir,
Puisqu'il a fait loyal devoir,
Entierement à son povoir,
Et qu'il lui fault querir son pain;
A vous, qui estes souverain,
En est le plus de deshonneur,
Veu que, par faulte, meurt de fain
Vostre bon loyal serviteur.

AMOURS.

Qu'on meure de fain ne vueil pas,
Mais le trop haste s'echaulda,
Il convient aler pas à pas;
Et puis apres on congnoistra,
Qui mieulx son devoir fait aura,
Alors doit estre guerdonné.
Je suis assez abandonné,
A grant largesse, de mes biens;
Mais quant j'ay mainteffoiz donné
A plusieurs, semble qu'ilz n'ont riens.

L'AMANT.

De ceulx ne suis, quant est à moy,
Sur ce, je respons à briefz motz:
Je vous asseure, par ma foy,
Oncques ne fuz en ce propos,
J'ay tousjours porté sur mon dos,
Paine, travail à grant planté,
Ne nulle chose n'ay hanté,
Dont on dye qu'aye failly,
Combien qu'en dueil m'aiez planté,
Comme faint seigneur et amy.

AMOURS.

Estre mon maistre vous voulez,
Par vostre parler ce me semble,
Et grandement vous me foulez;
Mais l'estrif de nous deux ensemble,
Comme en peust cognoistre, ressemble
Au desbat du verre et du pot;
Fain avez qu'on vous tiengne à sot;
Devant Raison soit assigné,
Se j'ay tort, paier vueil l'escot,
Quand le desbat sera finé.

L'AMANT.

Il fault que le plus foible doncques
Soit tousjours gecté soubz le pié,
Ne je ne vy autrement oncques,
Rendre se fault, qui n'a traictié.
J'ay congneu, où j'ay peu gaingnié,
Vostre court, à mont et à val,
Et, soit à pié, ou à cheval,
On n'y scet trouver droit chemin;
Quoiqu'on y trouve bien, ou mal,
Il fault tout partir à butin.

AMOURS.

Pour le present, plus n'en parlons;
Puisque j'ay puissance sur tous,
Quelque chose que debatons,
A mon plaisir feray de vous;
Ne me chault de vostre courrous,
Ne de chose que l'en me dye,
Se je vous ay fait courtoisie,
Se vous voulez, prenez l'en gré;
Car le premier vous n'estes mie
Qu'ay courcié en plus grant degré.
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