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 Honoré Harmand (1883-1952) La folie du poète Visions

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MessageSujet: Honoré Harmand (1883-1952) La folie du poète Visions   Honoré Harmand (1883-1952) La folie du poète Visions Icon_minitimeJeu 4 Avr - 9:41

La folie du poète
Visions
2 août 1905

Sous la pâle clarté d'un flambeau vacillant
Je suivais tout rêveur la marche du néant
Un crâne devant moi, mon unique horizon
Voilà ce que j'avais pour guider ma raison
Des visions se berçaient dans mon faible cerveau
Des mortels en délire contemplaient leur tombeau
La mort se promenait dans ce vaste chemin
Que l'on nomme la vie, plus encor le Destin
Elle frappait partout, les femmes, les enfants
Et les plus grands coupables comme les innocents
N'étaient pas épargnés de son souffle mortel
Tous allaient l'adorer au pied de son autel
Et franchissant le seuil du suprême édifice
Ils allaient ô folie s'offrir en sacrifice.

Ah ! Que vois-je grand Dieu ah ! Ma raison frémit
Cette vision fatale affaiblit mon esprit
Non ce n'est pas un rêve, le crâne m'a parlé
Cette image sacrée ce fétiche adoré
N'est plus ce qu'il était. Il semble que la vie
Dans cet os desséché a placé mon amie
Où je te reconnais, compagne fugitive
J'entends tes longs soupirs et cette voix plaintive
Est bien celle qu'on aime quand l'homme désespère
Et qu'il rêve le ciel, malheureux sur la terre
Oui ce sont tes grands yeux, ton beau regard de rêve
Quand la nuit qui s'avance et le jour qui s'achève
Chantent à la nature leur sauvage harmonie
L'un disant ta naissance l'autre ton agonie
Et ces lèvres tremblantes, la source du baiser
Où mon ardente fièvre ne pouvait s'apaiser
Et cette longue tresse faite de tes cheveux
Ah, je te reconnais ! Elvire ! Je te veux
Sous la pâle clarté d'un flambeau vacillant
J'ai reconnu ma mie dans un crâne, vivant.

Non c'est une folie, un frisson du passé
L'image qui s'envole d'un beau rêve effacé
Ce Crâne que j'adore sera toujours le même
Eh quoi c'est le néant. Puisqu'il est son emblème
Mais non ! Ah ! Je comprends. C'est mon coeur qui souffrait
C'était un souvenir, un songe qui passait
Le crâne parle encor il faut que je l'écoute
Mais, c'est Elle qui chante. Ah je n'ai plus un doute
C'est toi ô mon Elvire, viens je t'aime toujours
Depuis ton grand voyage sur l'océan des jours
J'avais perdu le feu qui dévorait mon âme
Dans un grand souvenir j'entretenais la flamme.
De cet amour fatal à la mort condamné
Je te voyais quand même dans ce crâne adoré
Parles ! Dis-moi sans crainte, les rêves entrevus
Dans les sombres tombeaux, des vivants inconnus
Dis-moi si cette vie plus fertile en douleurs

A l'autre se rapporte ? En pesant nos malheurs
La balance plus lourde penche-t-elle vers toi
Réfléchis un instant Elvire et réponds-moi
Oui ! Loin de la souffrance j'ai vécu dans la joie
Et quand la mort nous guette comme on guette une proie
Il ne faut pas pleurer les heures éphémères
Où nous vivons des rêves qu'enfantent nos chimères
Il faut dans une étreinte retenir notre mort
Sur sa lèvre glacée là est notre vrai sort
J'ai lu de belles choses dans cet enfer du vide
Sur ce flot azuré à la source rapide.
J'ai vu tous les trésors que cache le mystère
Dans un sombre palais j'ai reconnu Cythère
J'ai vu la vérité et j'ai vu le mensonge
J'ai vu dans les ténèbres le grand mal qui nous ronge
Quand le coeur surchargé par les fautes d'un crime
Le coupable à ses pieds voit s'ouvrir un abîme
J'ai vu tous les amants qui chantaient leur amour
J'ai vu le nautonier à l'heure du retour
Quand il frappe en cadence de sa rame plaintive
Les flots harmonieux qui se jouent sur la rive
J'ai vu tous mes beaux rêves perdus dans le passé
Et j'ai vu le chemin où d'autres ont passé
Que moi j'ai parcouru sur l'aile de la mort
Quand ma barque fragile prête à toucher le port
S'est heurtée brusquement au seuil de l'espérance
Voilà ce que j'ai vu dans une autre existence

Sous la pâle clarté d'un flambeau vacillant
Elvire m'expliquait les choses du néant

Ah ! Que je suis heureux à cette heure suprême
Quand on pleure en silence le beau rêve qu'on aime
Et toi crâne adoré sur ta lèvre morose
Je cueille les baisers comme on cueille une rose
Tu ris ! Ah quelle joie mon âme est en délire
Et mêle ses accords aux doux sons de ma lyre
Ton regard est brillant du feu qui me dévore
Je t'en prie belle image pour moi souris encore

Horreur ah je suis fou cette lèvre glacée
Eveille dans mon coeur ma douleur effacée
Elvire dans mon rêve j'ai crû t'apercevoir
Pardonnes à ma folie et vois mon Désespoir

Sous la pâle clarté d'un flambeau vacillant
En embrassant un crâne j'embrassai le néant.

Honoré HARMAND
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Honoré Harmand (1883-1952) La folie du poète Visions
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