Avant de mettre le poème je précise qu'il est assez donc je ne mes que la première partie. Mais je vous invite à aller voir sur internet le reste du poème pasque c'est vraiment magnifique (même si la première partie reste la mieux). Je rajoute que dans le poème Mallarmé parle de Harriet Smythe, sa soeur il me semble, qui est morte de la poitrine.
SA FOSSE EST CREUSÉE!..
A Dieu
I
Il sera dit, Seigneur, qu'avec les épis d'or
Elle aura vu tomber son front, où l'auréole,
Qui d'ans en ans pâlit, étincelait encor!
Qu'avant le soir ta main a fermé sa corolle!
Il sera dit qu'un jour jaloux de sa beauté
Tu lanças sur son toit l'archange à l'aile noire!
Que tu brisas sa coupe avant qu'elle y pût boire
Qu'elle avait dix-sept ans, qu'elle a l'éternité!
Il sera dit, - malheur! - que, fleuri sous ta serre,
Son berceau, frêle espoir, fut son cercueil un jour
Sans avoir vu dans l'ombre errer un nom d'amour!
II sera dit qu'au nid tu gardes ton tonnerre!
Non! la rose qui rit sur une tresse blonde,
Au bal, quand le coeur rêve et l'horizon est beau,
Ne doit point se faner demain sur un tombeau!
Que ta rosée, ô ciel, et non des pleurs, l'inonde!
Non! - Mon Harriet sourit lorsque les chants ailés
Que le soir à son coeur murmure avec la brise
Soufflent: Amour... Espoir... et mille mots voilés!
Non! - Sa joue est de flamme et son corps s'aérise!
Son regard d'une étoile a pris une étincelle
Qui brille, astre d'un soir, sur un orbe d'azur
Dont la fatigue seule, en la rasant de l'aile,
A, jusqu'à l'autre aurore, entouré son oeil pur!
Mère, dors! l'oeil mouillé, ne compte pas les heures!
- Parce que ton enfant te fait mettre à genoux,
Qu'un céleste reflet luit à son front, tu pleures ....
Qui sait? un ange peut s'égarer parmi nous!
Il peut .... Mais, ô Seigneur, pourquoi moi qui console
Sens-je sous ma paupière une larme glisser?
Ne pares-tu son front qu'afin qu'elle s'envole?
Dépouille-t-elle ici ce qu'elle y doit laisser?
Ton lys prend l'or du ciel avant que tu le cueilles!
Oui, le corps, jour par jour, voit fuir en son été
Ce qu'il a de mortel, comme un arbre ses feuilles!
Et l'on se fait enfant pour l'immortalité!
Chaque chant de l'horloge est un adieu funèbre
Ô Deuil! un jour viendra que ce sera son glas!
Heure par heure, glisse un pas dans les ténèbres
C'est le pied de la mort qui ne recule pas!
Lorsque son oeil rêveur voit dans l'azur qu'il dore
S'élever le soleil derrière un mont neigeux,
Son coeur bat: elle est morne et crie en pleurs aux cieux
" Hier! hier! hier! rendez-moi son aurore!