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 Victor HUGO (1802-1885) Herode et Caiphe

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Inaya
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Inaya


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Victor HUGO (1802-1885) Herode et Caiphe  Empty
MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Herode et Caiphe    Victor HUGO (1802-1885) Herode et Caiphe  Icon_minitimeJeu 29 Sep - 22:10

HERODE ET CAIPHE

Sous l'ongle dédaigneux de Rome fatiguée
Vivait la royauté des Juifs qu'avait léguée
L'Hérode Ascalonite à l'Hérode Antipas.
Cet idiot mêlait le meurtre à ses repas,
Et regardait danser Hérodiade nue.
Il avait redoré l'aigle que dans la nue
Son père avait sculptée au fronton du saint lieu,
Car, pour flatter César, ces rois insultaient Dieu;
Il avait fait murer dans le royal repaire
La chambre où, sur un lit de pourpre et d'or, son père,
Surnommé Grand, avait été mangé des vers;
Des paons rôdaient parmi ses jardins toujours verts;
Au fond brillait un lac dit le Bain du Tétrarque;
On y voyait errer les pêcheurs dont la barque
Vogue à coups d'avirons lents et bien maniés.
Il aimait les rhéteurs, l'un par l'autre niés,
Les philosophes grecs, les histrions, les mimes,
Et son ennui traînait le poids sombre des crimes.
Il avait, de l'argent d'un péage imposé
Aux caravanes d'Ur, d'Ophir et de Jessé,
Fait faire à son palais une enceinte de brique;
Car, dès les temps anciens, les marchands de l'Afrique
Venaient des profondeurs du désert calciné;
Ils apportaient des dents d'éléphant, du séné,
De l'alcali, des peaux de buffle, de la gomme,
Et de la pourpre verte aux proconsuls de Rome.

Caïphe, qui des lois dirigeait le timon,
Avait été nommé grand-prêtre après Simon;
Ce n'était point une âme inclinée aux mystères;
Caïphe n'était pas un de ces solitaires
Qui, pour sonder le sens glissant et ténébreux
Des prophètes luttant confusément entre eux,
Gardent la nuit leur lampe à côté de leurs couches,
Et songent, éperdus, sur ces livres farouches
Où l'on entend le choc des glaives de l'esprit.
Trop petit pour la tâche auguste qu'entreprit
Celui qu'on nomme Aaron, c'est-à-dire montagne,
Tortueux, il avait la fraude pour compagne;
Les yeux d'Hérode était sincères près des siens;
Son miel était poison; les chefs pharisiens,
Banaïas, intendant d'Epher, Jean l'économe,
Maccès, à qui Pilate avait donné pour nome
Tout le pays d'Horeb et tout le Nephath d'or,
Venaient lui parler bas dans le saint corridor;
De la couleuvre froide il avait la paresse;
Il était ce qui rampe et ce qui se redresse;
Il était chaste avec les femmes, redoutant
Le démon qu'à travers leur parole on entend,
Mais ces chastetés-là font brûler les Sodomes;
Comme prêtre, il était de cette espèce d'hommes
Qui, si le sénat vote aux pauvres quelque argent,
Disent : « non pas! l'état est lui-même indigent! »
Et qui trouvent utile et juste qu'on obère
Le trésor pour bâtir quelque temple à Tibère.
Caïphe eût aux renards indiqué des sentiers;
C'était un homme sombre, et pourtant volontiers
Il riait à travers l'ombre de sa pensée;
Mais on se sentait pris d'une sueur glacée
Devant cette gaieté, couvercle d'un cercueil.

Rosmophim de Joppé, prêtre au profond coup d'oeil,
Et docteur, l'assistait dans les choses civiles.
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Victor HUGO (1802-1885) Herode et Caiphe
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