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 François Coppée. (1842-1908 )XIi

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MessageSujet: François Coppée. (1842-1908 )XIi   François Coppée. (1842-1908 )XIi Icon_minitimeDim 1 Juil - 17:45

XII
C'EST donc vrai! le passé maudit subsiste encore.
Le voilà! C'est bien lui!
Impitoyable, il souille, avec ce que j'abhorre,
Ce que j'aime aujourd'hui.
La débauche a donc mis dans mon âme de fange
Un virus éternel,
Pour que j'ose évoquer en face de cet ange
Ce souvenir charnel.
Comme lady Macbeth qui passe, pâle et lente,
Dans la nuit du remord,
Frottant, sans l'effacer, une trace sanglante
Sur ses mains qu'elle tord;
Comme un homme qui sent, jusque dans son vieil âge,
Ses membres grelottants
D'une fièvre qu'il a prise dans un voyage
Il y a bien longtemps;
Faudra-t-il que toujours, ô voluptés menteuses,
Où n'était pas mon coeur,
Je sente remonter à mes lèvres honteuses
Votre ancienne rancoeur?
Baisers de feu de qui j'ai senti la brûlure,
Chairs que toucha ma chair,
Garderai-je toujours votre froide souillure
Et votre goût amer?
- Pourtant j'ai cru mon coeur guéri de son ulcère;
J'ai voulu rajeunir;
Et, n'étant plus naïf, j'ai fait l'effort sincère
De le redevenir.
Oui, tout ce que l'amour peut mettre en la pensée
De pur et d'ingénu,
Près de cette adorable et blanche fiancée
Je l'ai pourtant connu.
Pendant ce doux printemps que j'ai passé près d'elle,
Pendant ce doux été,
J'ai connu l'espérance innocente et fidèle,
Et m'en suis contenté.'
Et, je le jure ici, par l'âme de sa mère
Qui d'en haut la défend,
Jamais un seul désir mauvais, même éphémère.
N'a touché cette enfant.
Du vieil homme il n'était plus en moi de vestige.
Ni remords, ni regrets!
Un regard de Suzanne avait fait ce prodige,
Hélas! et j'espérais.
Soudain tu sors du gouffre où je dois redescendre
Et tu me ressaisis,
O passé! Ton simoun étouffe sous la cendre
Cette exquise oasis.
C'est dit! Le vieil enfer me poursuit de sa haine
Jusqu'en mon nouveau ciel.
Sa boue est sur ce lys. Cette gravure obscène
Se cache en ce missel.
Cette candeur devient l'innocente complice
De mon indignité.
- O mon Dieu! qu'ai-je fait pour souffrir ce supplice,
Et l'ai-je mérité?
Mon Dieu, quelle rigueur implacable est la vôtre
Pour les hommes mauvais!
Car ces désirs, auxquels j'ai cédé comme un autre,
Vous me les avez faits.
J'étais jeune et voulais aimer, j'avais la fièvre
Des sens impérieux;
Des femmes ont passé, le sourire à la lèvre
Et l'amour dans les yeux.
Pouvais-je donc, alors qu'elles se sont données,
Prévoir ce lendemain?
Et pourquoi semiez-vous de fleurs empoisonnées
Le bord de mon chemin?

Vous ne défendrez point que l'homme qui s'égare
Revienne sur ses pas,
Et qu'ici-bas le mal accompli se répare!
Cela ne se peut pas.

Non! - Je redeviendrai maître de ma pensée
Et de mon souvenir;
Et, lorsque enfin sera toute trace effacée
Qui pourrait les ternir,

A ses pieds, attendant que son regard y tombe,
Je mettrai, quelque jour,
Comme un pâtre à genoux présente une colombe,
Mon pur et jeune amour.
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François Coppée. (1842-1908 )XIi
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