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 Denis Diderot. (1713-1784) LETTRE DE MADAME MADIN À M. LE MARQUIS DE CROISMARE.

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Denis Diderot. (1713-1784) LETTRE DE MADAME MADIN À M. LE MARQUIS DE CROISMARE. Empty
MessageSujet: Denis Diderot. (1713-1784) LETTRE DE MADAME MADIN À M. LE MARQUIS DE CROISMARE.   Denis Diderot. (1713-1784) LETTRE DE MADAME MADIN À M. LE MARQUIS DE CROISMARE. Icon_minitimeLun 3 Sep - 0:06

LETTRE DE MADAME MADIN À M. LE MARQUIS DE CROISMARE.

Je suis à côté de son lit, et elle me presse de vous écrire. Elle a été
à toute extrémité, et mon état, qui m'attache à Versailles, ne m'a point
permis de venir plus tôt à son secours. Je savais qu'elle était fort mal
et abandonnée de tout le monde, et je ne pouvais quitter. Vous pensez
bien, monsieur, qu'elle avait beaucoup souffert. Elle avait fait une
chute qu'elle cachait. Elle a été attaquée tout d'un coup d'une fièvre
ardente qu'on n'a pu abattre qu'à force de saignées. Je la crois hors de
danger. Ce qui m'inquiète à présent est la crainte que sa convalescence
ne soit longue, et qu'elle ne puisse partir avant un mois ou six
semaines. Elle est déjà si faible, et elle le sera bien davantage.
Tâchez donc, monsieur, de gagner du temps, et travaillons de concert à
sauver la créature la plus malheureuse et la plus intéressante qu'il y
ait au monde. Je ne saurais vous dire tout l'effet de votre billet sur
elle; elle a beaucoup pleuré, elle a écrit l'adresse de M. Gassion
derrière une Sainte Suzanne de son diurnal, et puis elle a voulu vous
répondre malgré sa faiblesse. Elle sortait d'une crise; je ne sais ce
qu'elle vous aura dit, car sa pauvre tête n'y était guère. Pardon,
monsieur, je vous écris ceci à la hâte. Elle me fait pitié; je voudrais
ne la point quitter, mais il m'est impossible de rester ici plusieurs
jours de suite. Voilà la lettre que vous lui avez écrite. J'en fais
partir une autre, telle à peu près que vous la demandez. Je n'y parle
point des talents agréables; ils ne sont pas de l'état qu'elle va
prendre, et il faut, ce me semble, qu'elle y renonce absolument si elle
veut être ignorée. Du reste, tout ce que je dis d'elle est vrai: non,
monsieur, il n'y a point de mère qui ne fût comblée de l'avoir pour
enfant. Mon premier soin, comme vous pouvez penser, a été de la mettre à
couvert, et c'est une affaire faite. Je ne me résoudrai à la laisser
aller que quand sa santé sera tout à fait rétablie; mais ce ne peut être
avant un mois ou six semaines, comme j'ai eu l'honneur de vous le dire;
encore faut-il qu'il ne survienne point d'accident. Elle garde le cachet
de votre lettre; il est dans ses Heures et sous son chevet. Je n'ai osé
lui dire que ce n'était pas le vôtre; je l'avais brisé en ouvrant votre
réponse, et je l'avais remplacé par le mien: dans l'état fâcheux où elle
était, je ne devais pas risquer de lui envoyer votre lettre sans la
lire. J'ose vous demander pour elle un mot qui la soutienne dans ses
espérances; ce sont les seules qu'elle ait, et je ne répondrais pas de
sa vie, si elles venaient à lui manquer. Si vous aviez la bonté de me
faire à part un petit détail de la maison où elle entrera, je m'en
servirais pour la tranquilliser. Ne craignez rien pour vos lettres;
elles vous seront toutes renvoyées aussi exactement que la première; et
reposez-vous sur l'intérêt que j'ai moi-même à ne rien faire
d'inconsidéré. Nous nous conformerons à tout, à moins que vous ne
changiez vos dispositions. Adieu, monsieur. La chère infortunée prie
Dieu pour vous à tous les instants où sa tête le lui permet.

J'attends, monsieur, votre réponse, toujours au pavillon de Bourgogne,
rue d'Anjou, à Versailles.

Ce 16 février 1760.
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Denis Diderot. (1713-1784) LETTRE DE MADAME MADIN À M. LE MARQUIS DE CROISMARE.
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