BALADE.
(Orléans à Bourgoigne.)
Pour le haste de mon passaige
Qu'il me convient faire oultre mer,
Tout ce que j'ay en mon couraige
A present ne vous puis mander;
Mais non pourtant, à brief parler,
De la balade que m'avez
Envoyée, comme savez,
Touchant paix et ma delivrance,
Je vous mercie chierement,
Comme tout vostre entierement,
De cueur, de corps et de puissance.
Je vous envoyerai messaige,
Se Dieu plaist, briefment sans tarder,
Loyal, secret et assez saige,
Pour bien à plain vous informer
De tout ce que pourray trouver
Sur ce que savoir desirez;
Pareillement fault que mectez
Et faictes, vers la part de France,
Diligence soigneusement;
Je vous en requier humblement,
De cueur, de corps et de puissance.
Et, sans plus despendre langaige,
A cours mots, plaise vous penser
Que vous laisse mon cueur en gaige
Pour tousjours, sans jamais faulser;
Si me veuillez recommander
A ma cousine, car croiez
Que en vous deux, tant que vivrez,
J'ay mise toute ma fiance;
Et vostre party loyaument
Tendray, sans faire changement,
De cueur, de corps et de puissance.
L'ENVOY.
Or y perra que vous ferez,
Et se point ne m'oublierez,
Ainsi que j'y ai esperance.
Adieu vous dy presentement,
Tout Bourgongnon sui vrayement,
De cueur, de corps et de puissance.