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 Alice De Chambrier (1861-1882) V

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Alice De Chambrier (1861-1882) V Empty
MessageSujet: Alice De Chambrier (1861-1882) V   Alice De Chambrier (1861-1882) V Icon_minitimeLun 7 Mai - 13:13

V

Dans les dernières semaines de sa vie, notre poète travaillait aussi avec
beaucoup d’ardeur à un Éloge de Lamartine, destiné au concours de l’Académie
française; c’était un de ses rêves d’être un jour couronnée par l’Académie.
Elle refondit complètement ce poème jusqu’à trois fois; à vrai dire, ce n’est
pas, tant s’en faut, son oeuvre la mieux venue: Lamartine ne l’inspirait pas
comme l’eût inspirée quelque autre poète avec lequel elle se fût senti plus
d’affinités. « Quel dommage, disait-elle, que ce ne soit pas Victor Hugo! » Cet
éloge de Lamartine renferme cependant un morceau digne d’être conservé et qu’on
lira dans ce volume: ce sont des ïambes vigoureux dans lesquels elle évoque la
grande figure de Lamartine apaisant l’émeute.

Au moment où Alice de Chambrier allait être enlevée, de la manière la plus
imprévue, à l’amour des siens, M. Imer, éditeur à Lausanne, préparait un recueil
de poésies romandes (Chants du Pays) où devaient figurer quelques pièces de
notre poète; elles y parurent en effet et sont réimprimées ici. Tombée malade,
à la suite d’un refroidissement, le samedi 16 décembre 1882, elle n’interrompit
pas un instant son labeur acharné. Le dimanche, elle s’entretenait encore avec
une amie et formait des projets de voyage: elle ne parlait de rien moins que
d’entreprendre le tour du monde. Son état n’inspirait alors aucune inquiétude
sérieuse; il s’aggrava le lundi après midi, et, après avoir consacré de longues
heures à retoucher et à recopier son poème sur Lamartine, elle dut se résigner à
se mettre au lit. Le mardi, elle corrigeait encore, à trois heures après midi,
ses épreuves pour M. Imer... À cinq heures, l’agonie avait commencé; elle
expira sans souffrance le lendemain matin, 20 décembre.

Son poème fut envoyé au concours de l’Académie; comme on se le rappelle peut-
être, c’est M. Jean Aicard qui obtint le prix. M. Camille Doucet, secrétaire
perpétuel de l’Académie, a bien voulu -et nous l’en remercions ici -faire
fléchir la rigueur des règlements et rendre à la famille de Chambrier ce
manuscrit, qui est une relique et le suprême témoignage de l’énergie et de la
persévérance de cette jeune fille morte en plein labeur d’artiste.

Ce petit volume sera, nous osons l’espérer, accueilli avec sympathie; nous
avons fait tous nos efforts pour qu’il ne fût pas indigne de celle dont il doit
fixer le souvenir. Notre travail aurait été incomplet s’il n’avait été
accompagné d’un portrait d’Alice de Chambrier. Celui que nous offrons en tête du
volume donne une idée très fidèle de cette physionomie où l’expression de la
bouche, d’une candeur presque enfantine, contrastait avec la profondeur
chercheuse du regard. On ne peut considérer sans émotion l’image de celle dont
la vie si courte a été remplie par tant de poétiques visions et de nobles
pensées.

Et pourtant, qui serait tenté de la plaindre? Elle a été reprise au moment où
allait s’engager pour elle la grande lutte qui attend tout poète, la lutte
souvent cruelle entre l’idéal et la réalité. Une âme telle que la sienne en eût
souffert plus qu’aucune autre; elle avait un rêve trop haut, un besoin trop
impérieux de lumière et d’évidence pour séjourner sans angoisse dans le demi-
jour de cette vie: elle n’a pu trouver son équilibre qu’en mourant.

Cette terre a été bien réellement pour elle un lieu de passage: elle a répandu
autour d’elle le charme souriant de sa jeunesse... Mais son regard était tourné
ailleurs; une mystérieuse puissance l’attirait vers le pôle invisible: le mot
de sa destinée était au delà!

Philippe Godet, Neuchâtel, octobre 1883.
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