PLUME DE POÉSIES
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 François-René De Chateaubriand (1768-1848) Livre VII Argument.

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François-René De Chateaubriand (1768-1848) Livre VII Argument. Empty
MessageSujet: François-René De Chateaubriand (1768-1848) Livre VII Argument.   François-René De Chateaubriand (1768-1848) Livre VII Argument. Icon_minitimeJeu 31 Mai - 23:43

Livre VII


Argument.


Raphael, à la demande d'Adam, raconte comment et pourquoi ce monde a été d'abord
créé: Dieu, ayant expulsé du ciel Satan et ses anges, déclara que son plaisir
était de créer un autre monde et d'autres créatures pour y habiter. Il envoie
son Fils dans la gloire, et avec un cortège d'anges, pour accomplir l'oeuvre de
la création en six jours. Les anges célèbrent par des cantiques cette création
et la réascension du Fils au ciel.


Descends du Ciel, Uranie, si de ce nom tu es justement appelée! En suivant ta
voix divine, j'ai pris mon essor au dessus de l'Olympe, au-dessus du vol de
l'aile de Pégase. Ce n'est pas le nom, c'est le sens de ce nom que j'invoque;
car tu n'es pas une des neuf Muses, et tu n'habites pas le sommet du vieil
Olympe; mais née du Ciel, avant que les collines parussent ou que la fontaine
coulât, tu conversais avec l'éternelle Sagesse, la Sagesse ta soeur, et tu te
jouais avec elle en présence du Père tout-puissant, qui se plaisait à ton chant
céleste. Enlevé par toi je me suis hasardé dans le Ciel des Cieux, moi, hôte de
la terre, et j'ai respiré l'air de l'empyrée que tu tempérais: avec la même
sûreté guidé en bas, rends-moi à mon élément natal, de peur que, démonté par ce
coursier volant sans frein (comme autrefois Bellérophon dans une région plus
abaissée), je ne tombe sur le champ Aléien, pour y errer égaré et abandonné.

La moitié de mon sujet reste encore à chanter, mais dans les bornes plus
étroites de la sphère diurne et visible. Arrêté sur la terre, non ravi au-dessus
du pôle, je chanterai plus sûrement d'une voix mortelle; elle n'est devenue ni
enrouée ni muette, quoique je sois tombé dans de mauvais jours, dans de mauvais
jours, quoique tombé parmi des langues mauvaises, parmi les ténèbres et la
solitude, et entouré de périls. Cependant, je ne suis pas seul, lorsque la nuit
tu visites mes sommeils, ou lorsque le matin empourpre l'orient.

Préside toujours à mes chants, Uranie! et trouve un auditoire convenable,
quoique peu nombreux. Mais chasse au loin la barbare dissonance de Bacchus et de
ses amis de la joie; race de cette horde forcenée qui déchira le barde de la
Thrace sur le Rhodope, où l'oreille des bois et des rochers était ravie, jusqu'à
ce que la clameur sauvage eut noyé la harpe et la voix: la muse ne put défendre
son fils. Tu ne manqueras pas ainsi, Uranie, à celui qui t'implore; car toi, tu
es un songe céleste, elle un songe vain.

Dis, ô déesse, ce qui suivit après que Raphael, l'archange affable, eut averti
Adam de se garder de l'apostasie, par l'exemple terrible de ce qui arriva dans
le Ciel à ces apostats, de peur qu'il n'en arrivât de même dans le Paradis à
Adam et à sa race (chargés de ne pas toucher à l'arbre interdit) s'ils
transgressaient et méprisaient ce seul commandement, si facile à observer, au
milieu du choix de tous les autres goûts qui pouvaient plaire à leurs appétits,
quel qu'en fût le caprice.

Adam, avec Eve sa compagne, avait écouté attentivement l'histoire; il était
rempli d'admiration et plongé dans une profonde rêverie en écoutant des choses
si élevées et si étranges; choses à leur pensée si inimaginables, la haine dans
le Ciel, la guerre si près de la paix de Dieu dans le bonheur, avec une telle
confusion! Mais bientôt le mal chassé retombait comme un déluge sur ceux dont il
avait jailli, impossible à mêler à la béatitude.

Maintenant Adam réprima bientôt les doutes qui s'élevaient dans son coeur, et il
est conduit (encore sans péché) par le désir de connaître ce qui le touche de
plus près: comment ce monde visible du Ciel et de la terre commença; quand et
d'où il fut créé; pour quelle cause; ce qui fut fait en dedans ou en dehors
d'Eden, avant ce dont il a souvenir. Comme un homme de qui l'altération est à
peine soulagée suit de l'oeil le cours du ruisseau dont le liquide murmure
entendu excite une soif nouvelle, Adam procède de la sorte à interroger son hôte
céleste:

"De grandes choses et pleines de merveilles, bien différentes de celles de ce
monde, tu as révélées à nos oreilles, interprète divin, par faveur envoyé de
l'Empyrée pour nous avertir à temps de ce qui aurait pu causer notre perte s'il
nous eût été inconnu, l'humaine connaissance n'y pouvant atteindre. Nous devons
des remerciements immortels à l'infinie bonté, et nous recevons son
avertissement avec une résolution solennelle d'observer invariablement sa
volonté souveraine, la fin de ce que nous sommes. Mais puisque tu as daigné avec
complaisance nous faire part, pour notre instruction, de choses au-dessus de la
pensée terrestre (choses qu'il nous importait de savoir, comme il l'a semblé à
la suprême sagesse), daigne maintenant descendre plus bas, et nous raconter ce
qui peut-être ne nous est pas moins utile de savoir: quand commença ce Ciel que
nous voyons si distant et si haut, orné de feux mouvants et innombrables;
qu'est-ce que cet air ambiant qui donne ou remplit tout espace, cet air
largement répandu, embrassant tout autour cette terre fleurie; quelle cause mut
le Créateur, dans son saint repos de toute éternité, à bâtir si tard dans le
Chaos, et comment l'ouvrage commencé fut tôt achevé. S'il ne te l'est pas
défendu, tu peux nous dévoiler ce que nous demandons, non pour sonder les
secrets de son éternel empire, mais pour glorifier d'autant plus ses oeuvres que
nous les connaîtrons davantage.

"Et la grande lumière du jour a encore à parcourir beaucoup de sa carrière,
quoique déjà sur son déclin: suspendu dans le Ciel, le soleil retenu par ta voix
écoute ta voix puissante; il s'arrêtera plus longtemps pour te ouïr raconter son
origine et le lever de la nature du sein du confus abîme. Ou, si l'étoile du
soir et la lune à ton audience se hâtent, la nuit avec elle amènera le silence;
le sommeil en écoutant veillera, ou bien nous pourrons lui commander l'absence
jusqu'à ce que ton chant finisse, et te renvoie avant que brille le matin. "

Ainsi Adam supplia son hôte illustre, et ainsi l'ange, semblable à un dieu, lui
répondit avec douceur:

"Que cette demande faite avec prudence te soit accordée; mais pour raconter les
oeuvres du Tout-Puissant, quelles paroles, quelle langue de séraphin peuvent
suffire, ou quel coeur d'homme suffirait à les comprendre? Cependant, ce que tu
peux atteindre, ce qui peut le mieux servir à glorifier le Créateur et à te
rendre aussi plus heureux ne sera pas soustrait à ton oreille. J'ai reçu la
commission d'en haut de répondre à ton désir de savoir, dans certaines limites:
au delà, abstiens-toi de demander; ne laisse pas tes propres imaginations
espérer des choses non révélées, que le roi invisible, seul omniscient, a
ensevelies dans la nuit, incommunicables à personne sur la terre ou dans le
Ciel: assez reste en dehors de cela à chercher et à connaître. Mais la science
est comme la nourriture; elle n'a pas moins besoin de tempérance pour en régler
l'appétit et pour savoir en quelle mesure l'esprit la peut bien supporter;
autrement elle oppresse par son excès et change bientôt la sagesse en folie,
comme la nourriture en fumée.

"Sache donc: après que Lucifer (ainsi appelé parce qu'il brillait autrefois dans
l'armée des anges plus que cette étoile parmi les étoiles) eut été précipité du
Ciel dans son lieu avec ses légions brûlantes, à travers l'abîme, le Fils étant
retourné victorieux avec ses saints, le Tout-Puissant, éternel Père, contempla
de son trône leur multitude, et parla de la sorte à son Fils:

"Du moins notre jaloux ennemi s'est trompé, lui qui croyait que tous comme lui
seraient rebelles: par leur secours il se flattait (nous une fois dépossédés) de
saisir cette inaccessible et haute forteresse, siège de la divinité suprême.
Dans sa trahison il a entraîné plusieurs dont la place ici n'est plus connue.
Cependant, la plus grande partie, je le vois, garde toujours son poste: le Ciel,
peuplé encore, conserve un nombre suffisant d'habitants pour remplir ses
royaumes, quoique vastes, pour fréquenter ce haut temple avec des observances
dues et des rites solennels. Mais, de peur que le coeur de l'ennemi ne s'enfle
du mal déjà fait, en dépeuplant le Ciel (ce qu'il estime follement être un
dommage pour moi), je puis réparer ce dommage, si c'en est un de perdre ce qui
est perdu de soi-même. Dans un moment je créerai un autre monde; d'un seul homme
je créerai une race d'hommes innombrables pour habiter là, non ici, jusqu'à ce
qu'élevés par degrés de mérite, éprouvés par une longue obéissance, ils
s'ouvrent eux-mêmes enfin le chemin pour monter ici, et que la terre changée
dans le Ciel, et le Ciel dans la terre, ne forme plus qu'un royaume, en joie et
en union sans fin.

"En attendant, demeurez moins pressés, vous, puissances célestes; et toi, mon
Verbe, fils engendré, par toi j'opère ceci: parle, et qu'il soit fait! Avec toi
j'envoie ma puissance et mon esprit, qui couvre tout de son ombre. Va et ordonne
à l'abîme, dans des limites fixées, d'être terre et Ciel. L'abîme est sans
bornes, parce que je suis: l'infini est rempli par moi; l'espace n'est pas vide.
Quoique moi-même je ne sois circonscrit dans aucune étendue, je me retire et
n'étends pas partout ma bonté, qui est libre d'agir ou de n'agir pas: nécessité
et hasard n'approchent pas de moi; ce que je veux est destin. "

"Ainsi parla le Tout-Puissant, et ce qu'il avait dit, son Verbe, la divinité
filiale, l'exécuta. Immédiats sont les actes de Dieu, plus rapides que le temps
et le mouvement, mais à l'oreille humaine ils ne peuvent être dits que par la
succession du discours, et dits de telle sorte que l'intelligence terrestre
puisse les recevoir.

"Grand triomphe et grande réjouissance furent aux Cieux, quand la volonté du
Tout-Puissant entendue fut ainsi déclarée. Ils chantèrent:

"Gloire au Très-Haut! bonne volonté aux hommes à venir, et paix dans leur
demeure! Gloire à celui dont la juste colère vengeresse a chassé le méchant de
sa vue et des habitations du juste! A lui gloire et louange dont la sagesse a
ordonné de créer le bien du mal: au lieu des malins esprits, une race meilleure
sera mise dans leur place vacante, et sa bonté se répandra dans des mondes et
dans des siècles sans fin. "

"Ainsi chantaient les hiérarchies.

"Cependant le Fils parut pour sa grande expédition, ceint de la toute-puissance,
couronné des rayons de la majesté divine: la sagesse et l'amour immense, et tout
son Père, brillaient en lui. Autour de son char se répandaient sans nombre
chérubins, séraphins, potentats, trônes, vertus, esprits ailes, et les chars
ailés de l'arsenal de Dieu: ces chars de toute antiquité, placés par myriades
entre deux montagnes d'airain, étaient réservés pour un jour solennel, tout
prêts harnachés, équipages célestes; maintenant ils se présentent spontanément
(car en eux vit un esprit) pour faire cortège à leur maître. Le Ciel ouvrit dans
toute leur largeur ses portes éternelles, tournant sur leurs gonds d'or avec un
son harmonieux, pour laisser passer le roi de gloire dans son puissant Verbe et
dans son Esprit, qui venait de créer de nouveaux mondes.

"Ils s'arrêtèrent tous sur le sol du Ciel, et contemplèrent du bord
l'incommensurable abîme, orageux comme une mer, sombre, dévasté, sauvage,
bouleversé jusqu'au fond par des vents furieux, enflant des vagues comme des
montagnes, pour assiéger la hauteur du Ciel et pour confondre le centre avec le
pôle.

"Silence, vous, vagues troublées! et toi, abîme, paix, dit le Verbe, qui fait
tout; cessez vos discordes! "

"Il ne s'arrêta point, mais enlevé sur les ailes des chérubins, plein de la
gloire paternelle, il entra dans le chaos et dans le monde qui n'était pas né;
car le chaos entendit sa voix: le cortège des anges le suivait dans une
procession brillante, pour voir la création et les merveilles de sa puissance.
Alors il arrête les roues ardentes, et prend dans sa main le compas d'or préparé
dans l'éternel trésor de Dieu, pour tracer la circonférence de cet univers et de
toutes les choses créées. Une pointe de ce compas il appuie au centre, et tourne
l'autre dans la vaste et obscure profondeur, et il dit:

"Jusque là étends-toi, jusque là vont tes limites; que ceci soit ton exacte
circonférence, ô monde! "

"Ainsi Dieu créa le Ciel, ainsi il créa la Terre, matière informe et vide. De
profondes ténèbres couvraient l'abîme; mais sur le calme des eaux l'esprit de
Dieu étendit ses ailes paternelles, et infusa la vertu vitale et la chaleur
vitale à travers la masse fluide; mais il précipita en bas la lie noire,
tartaréenne, froide, infernale, opposée à la vie. Alors il réunit, alors il
engloba les choses semblables avec les choses semblables; il répartit le reste
en plusieurs places, et étendit l'air entre les objets: la Terre, d'elle-même
balancée, sur son centre posa.


"Que la lumière soit! "dit Dieu:

"Soudain la lumière éthérée, première des choses, quintessence pure, jaillit de
l'abîme, et partie de son orient natal, elle commença à voyager à travers
l'obscurité aérienne, enfermée dans un nuage sphérique rayonnant, car le Soleil
n'était pas encore: dans ce nuageux tabernacle elle séjourna quelque temps.

"Dieu vit que la lumière était bonne, et il sépara la lumière des ténèbres par
hémisphère: il donna à la lumière le nom de jour, et aux ténèbres le nom de
nuit. Et du soir et du matin se fit le premier jour. Il ne passa pas sans être
célébré, ce jour, sans être chanté par les choeurs célestes, lorsqu'ils virent
l'orient pour la première fois exhalant la lumière des ténèbres; jour de
naissance du Ciel et de la Terre. Ils remplirent de cris de joie et
d'acclamations l'orbe universel ils touchèrent leurs harpes d'or, glorifiant par
des hymnes Dieu et ses oeuvres: ils le chantèrent Créateur, quand le premier
soir fut, et quand fut le premier matin.

"Dieu dit derechef:

"Que le firmament soit au milieu des eaux, et qu'il sépare les eaux d'avec les
eaux. "

"Et Dieu fit le firmament, étendue d'air élémentaire, liquide, pur, transparent,
répandu en circonférence jusqu'à la convexité la plus reculée de son grand
cercle; division ferme et sûre, séparant les eaux inférieures de celles qui sont
au-dessus. Car ainsi que la terre, Dieu bâtit le monde sur les eaux calmes
circonfluentes, dans un large océan de cristal, et fort éloigné du bruyant
désordre du chaos, de pour que ses rudes extrémités contiguës ne dérangeassent
la structure entière de ce monde: et Dieu donna au firmament le nom de Ciel.
Ainsi du soir et du matin, le choeur chanta le second jour.

"La Terre était créée, mais encore ensevelie, embryon prématuré, dans les
entrailles des eaux; elle n'apparaissait pas: sur toute la surface de la Terre
le plein océan s'étendait, non inutile, car par une humidité tiède et
prolifique, attendrissant tout le globe de la Terre, il faisait fermenter cette
mère commune pour qu'elle pût concevoir, saturée d'une moiteur vivifiante.

"Dieu dit alors:

"- Que les eaux qui sont sous le Ciel se rassemblent dans un seul lieu, et que
l'élément aride paraisse. "

"Aussitôt apparaissent deux montagnes énormes, émergentes, et leurs larges dos
pelés se soulevant jusqu'aux nues; leurs têtes montent dans le Ciel. Aussi
hautes que s'élevèrent les collines intumescentes, aussi bas s'affaissa un
bassin creux, vaste et profond, ample lit des eaux. Elles y courent avec une
précipitation joyeuse, enroulées comme des gouttes sur la poussière qui se forme
en globules par l'aridité. Une partie de ces eaux avec hâte s'élève en mur de
cristal ou en montagne à pic: telle fut la vitesse que le grand commandement
imprima aux flots agiles. Comme des armées à l'appel des trompettes (car tu as
entendu parler d'armées) s'attroupent autour de leurs étendards, ainsi la
multitude liquide roule vague sur vague là où elle trouve une issue, dans la
pente escarpée torrent impétueux, dans la plaine courant paisible. Ni les
rochers ni les collines n'arrêtent ces ondes; mais sous la terre, ou en longs
circuits promenant leurs sinueuses erreurs, elles se frayent un chemin, et
percent dans le sol limoneux de profonds canaux; chose facile avant que Dieu eût
ordonné à la terre de devenir sèche partout, excepté entre ces bords où coulent
aujourd'hui les neuves qui entraînent incessamment leur humide cortège.

"Dieu appela terre l'élément aride, et le grand réservoir des eaux rassemblées,
il l'appela mer; il vit que cela était bon, et dit:

"Que la terre produise de l'herbe verte, l'herbe qui porte de la graine, et les
arbres fruitiers qui portent des fruits, chacun selon son espèce, et qui
renferment leur semence en eux-mêmes sur la terre. "

"A peine a-t-il parlé que la terre nue (jusqu'alors déserte et chauve, sans
ornement, désagréable à la vue) poussa une herbe tendre, qui revêtit
universellement sa surface d'une charmante verdure; alors les plantes de
différentes feuilles, qui soudain fleurirent en déployant leurs couleurs
variées, égayèrent son sein, suavement parfumé. Et celles-ci étaient à peine
épanouies que la vigne fleurit, chargée d'une multitude de grappes; la courge
enflée rampa, le chalumeau du blé se rangea en bataille dans son champ, l'humble
buisson et l'arbrisseau mêlèrent leur chevelure hérissée. Enfin s'élevèrent,
comme en cadence, les arbres majestueux, et ils déployèrent leurs branches
surchargées, enrichies de fruits ou emperlées de fleurs. Les collines se
couronnèrent de hautes forêts, les vallées et les fontaines de touffes de bois,
les fleuves de bordures le long de leur cours. La Terre à présent parut un Ciel,
séjour où les dieux pouvaient habiter, errer avec délices, et se plaire à
fréquenter ses sacrés ombrages.

"Cependant Dieu n'avait pas encore fait tomber la pluie sur la terre, et il n'y
avait encore aucun homme pour labourer les champs; mais il s'élevait du sol une
vapeur de rosée qui humectait toute la terre, et toutes les plantes des champs,
que Dieu créa avant qu'elles fussent dans la terre, toutes les herbes avant
qu'elles grandissent sur la verte tige. Dieu vit que cela était bon. Et le soir
et le matin célébrèrent le troisième jour.

"Le Tout-Puissant parla encore:

"- Que des corps de lumière soient faits dans la haute étendue du Ciel, afin
qu'ils séparent le jour de la nuit; et qu'ils servent de signes pour les saisons
et pour les jours et le cours des années, et qu'ils soient pour flambeaux: comme
je l'ordonne, leur office, dans le firmament du Ciel, sera de donner la lumière
à la terre! "Et cela fut fait ainsi.

"Et Dieu fit deux grands corps lumineux (grands par leur utilité pour l'homme),
le plus grand pour présider au jour, le plus petit pour présider à la nuit. Et
il fit les étoiles, et les mit dans le firmament du Ciel pour illuminer la
Terre, et pour régler le jour et pour régler la nuit dans leur vicissitude, et
pour séparer la lumière d'avec les ténèbres. Dieu vit en contemplant son grand
ouvrage que cela était bon.

"Car le soleil, sphère puissante, fut celui des corps célestes qu'il fit le
premier, non lumineux d'abord, quoique de substance éthérée. Ensuite il forma la
Lune globuleuse et les étoiles de toutes grandeurs, et il sema le Ciel d'étoiles
comme un champ. Il prit la plus grande partie de la lumière dans son tabernacle
de nuée; il la transplanta, et la plaça dans l'orbe du Soleil, fait poreux pour
recevoir et boire la lumière liquide, fait compacte pour retenir ses rayons
recueillis, aujourd'hui grand palais de la lumière. Là, comme à leur fontaine,
les autres astres se réparant, puisent la lumière dans leurs urnes d'or, et
c'est là que la planète du matin dore ses cornes. Par impression ou par
réflexion ces astres augmentent leur petite propriété, bien que si loin de
l'oeil humain on ne les voie que diminués D'abord dans son orient se montra le
glorieux flambeau, régent du jour; il investit tout l'horizon de rayons
étincelants, joyeux de courir vers son occident sur le grand chemin du Ciel: le
pâle crépuscule et les Pléiades formaient des danses devant lui, répandant une
bénigne influence.

"Moins éclatante, mais à l'opposite, sur le même niveau dans l'ouest, la Lune
était suspendue: miroir du Soleil, elle en emprunte la lumière sur sa pleine
face; dans cet aspect, elle n'avait besoin d'aucune autre lumière, et elle garda
cette distance jusqu'à la nuit; alors elle brilla à son tour dans l'orient, sa
révolution étant accomplie sur le grand axe des Cieux; elle régna dans son
divisible empire avec mille plus petites lumières, avec mille et mille étoiles!
Elles apparurent alors semant de paillettes l'hémisphère qu'ornaient, pour la
première fois, leurs luminaires radieux, qui se couchèrent et se levèrent. Le
joyeux soir et le joyeux matin couronnèrent le quatrième jour.

"Et Dieu dit:

"Que les eaux engendrent les reptiles, abondants en frai, créatures vivantes. Et
que les oiseaux volent au-dessus de la terre, les ailes déployées sous le
firmament ouvert du Ciel. "

"Et Dieu créa les grandes baleines et tous les animaux qui ont la vie, tous ceux
qui glissent dans les eaux et qu'elles produisent abondamment, chacun selon
leurs espèces; il créa aussi les oiseaux pourvus d'ailes, chacun selon son
espèce: et il vit que cela était bon, et il les bénit en disant:

"Croissez et multipliez; remplissez les eaux de la mer, des lacs et des
rivières; que les oiseaux se multiplient sur la terre. "

"Aussitôt les détroits et les mers, chaque golfe et chaque baie, fourmillent de
frai innombrable et d'une multitude de poissons, qui, avec leurs nageoires et
leurs brillantes écailles, glissent sous la verte vague; leurs troupes forment
souvent des bancs au milieu de la mer. Ceux-ci, solitaires ou avec leurs
compagnons, broutent l'algue, leur pâturage, et s'égarent dans des grottes de
corail, ou, se jouant, éclair rapide, montrent au soleil leur robe ondée
parsemée de gouttes d'or; ceux-là, à l'aise dans leur coquille de nacre,
attendent leur humide aliment, ou, dans une armure qui les couvre, épient leur
proie sous les rochers. Le veau marin et les dauphins voûtés folâtrent sur l'eau
calme; des poissons d'une masse prodigieuse, d'un port énorme, se vautrant
pesamment, font une tempête dans l'Océan. Là Léviathan, la plus grande des
créatures vivantes, étendu sur l'abîme comme un promontoire, dort ou nage, et
semble une terre mobile; ses ouïes attirent en dedans, et ses naseaux rejettent
en dehors une mer.

"Cependant, les antres tièdes, les marais, les rivages, font éclore leur couvée
nombreuse de l'oeuf qui, bientôt se brisant, laisse apercevoir par une favorable
fracture les petits tout nus: bientôt emplumés, et en état de voler, ils ont
toutes leurs ailes; et avec un cri de triomphe, prenant l'essor dans l'air
sublime, ils dédaignent la terre qu'ils voient en perspective sous un nuage. Ici
l'aigle et la cigogne, sur les roches escarpées et sur la cime des cèdres,
bâtissent leurs aires.

"Une partie des oiseaux plane indolemment dans la région de l'air; d'autres,
plus sages, formant une figure, tracent leur chemin en commun: intelligents des
saisons, ils font partir leurs caravanes aériennes, qui volent au-dessus des
terres et des mers, et d'une aile mutuelle facilitent leur fuite: ainsi les
prudentes cigognes, portées sur les vents, gouvernent leur voyage de chaque
année; l'air flotte, tandis qu'elles passent, vanné par des plumes innombrables.

"De branche en branche les oiseaux plus petits solacient les bois de leur chant,
et déploient jusqu'au soir leurs ailes peinturées: alors même le rossignol
solennel ne cesse pas de chanter, mais toute la nuit il soupire ses tendres
lais.

"D'autres oiseaux encore baignent dans les lacs argentés et dans les rivières
leur sein duvéteux. Le cygne, au cou arqué, entre deux ailes blanches, manteau
superbe, fait nager sa dignité avec ses pieds en guise de rames; souvent il
quitte l'humide élément, et, s'élevant sur ses ailes tendues, il monte dans la
moyenne région de l'air. D'autres sur la terre marchent fermes, le coq crêté
dont le clairon sonne les heures silencieuses, et cet oiseau qu'orne sa
brillante queue, enrichie des couleurs vermeilles de l'arc-en-ciel et d'yeux
étoilés. Ainsi les eaux remplies de poissons et l'air d'oiseaux le matin et le
soir solennisèrent le cinquième jour.

"Le sixième et dernier jour de la création se leva enfin, au son des harpes du
soir et du matin, quand Dieu dit:

"Que la terre produise des animaux vivants, chacun selon son espèce; les
troupeaux et les reptiles, et les bêtes de la terre, chacun selon son espèce! "

"La terre obéit: et soudain, ouvrant ses fertiles entrailles, elle enfanta dans
une seule couche d'innombrables créatures vivantes, de formes parfaites,
pourvues de membres et en pleine croissance. Du sol comme de son gîte se leva la
bête fauve, là où elle se tient d'ordinaire dans la forêt déserte, le buisson,
la fougeraie ou la caverne; elles se levèrent par couple sous les arbres: elles
marchèrent, le bétail dans les champs et les prairies vertes, ceux-ci rares et
solitaires, ceux-là en troupeaux pâturant à la fois, et jaillis du sol en bandes
nombreuses. Tantôt les grasses mottes de terre mettent bas une génisse; tantôt
paraît à moitié un lion roux, grattant pour rendre libre la partie postérieure
de son corps: alors il s'élance comme échappé de ses liens, et, se dressant,
secoue sa crinière tavelée. L'once, le léopard et le tigre, s'élevant comme la
taupe, jettent par-dessus eux en monticules la terre émiettée. Le cerf rapide de
dessous le sol lève sa tête branchue. A peine Béhémot, le plus gros des fils de
la Terre, peut dégager de son moule son vaste corps. Les brebis laineuses et
bêlantes poussent comme des plantes; le cheval marin et le crocodile écailleux
restent indécis entre la terre et l'eau.

"A la fois fut produit tout ce qui rampe sur la terre, insecte ou ver: les uns,
en guise d'ailes, agitent leurs souples éventails, et décorent leurs plus petits
linéaments réguliers de toutes les livrées de l'orgueil de l'été, taches d'or et
de pourpre, d'azur et de vert; les autres tirent comme une ligne leur longue
dimension, rayant la terre d'une sinueuse trace. Ils ne sont pas tous les
moindres de la nature: quelques-uns de l'espèce du serpent, étonnants en
longueur et en grosseur, entrelacent leurs tortueux replis, et y ajoutent des
ailes.

"D'abord l'économe fourmi, prévoyante de l'avenir; dans un petit corps elle
renferme un grand coeur! modèle peut-être à l'avenir de la juste égalité, elle
unit en communauté ses tribus populaires. Ensuite parut en essaim l'abeille
femelle qui nourrit délicieusement son mari fainéant, et bâtit ses cellules de
cire remplies de miel. Le reste est sans nombre, et tu sais leur nature, et tu
leur donnas des noms inutiles à te répéter. Il ne t'est pas inconnu, le serpent
(la bête la plus subtile des champs); d'une énorme étendue quelquefois, il a des
yeux d'airain, une crinière hirsute et terrible, quoiqu'il ne te soit point
nuisible et qu'il obéisse à ton appel.

"Les cieux brillaient maintenant dans toute leur gloire, et roulaient selon les
mouvements que la main du grand premier moteur imprima d'abord à leur cours. La
terre achevée dans son riche appareil souriait charmante; l'air, l'eau, la
terre, étaient fréquentés par l'oiseau qui vole, le poisson qui nage, la bête
qui marche: et le sixième jour n'était pas encore accompli.

"Il y manquait le chef-d'oeuvre, la fin de tout ce qui a été fait, un être non
courbé, non brute comme les autres créatures, mais qui, doué de la sainteté de
la raison, pût dresser sa stature droite, et avec un front serein, se
connaissant soi-même, gouverner le reste; un être qui, magnanime, pût
correspondre d'ici avec le Ciel, mais reconnaître, dans sa gratitude, d'où son
bien descend, et, le coeur, la voix, les yeux dévotement dirigés là, adorer,
révérer le Dieu suprême qui le fit chef de tous ses ouvrages. C'est pourquoi le
Père tout-puissant, éternel (car où n'est-il pas présent?), distinctement à son
Fils parla de la sorte:

"Faisons à présent l'Homme à notre image et à notre ressemblance; et qu'il
commande aux poissons de la mer, aux oiseaux du Ciel, aux bêtes des champs, à
toute la terre et à tous les reptiles qui se remuent sur la terre. "

"Cela dit, il te forma, toi, Adam, toi, ô Homme, poussière de la terre! et il
souffla dans tes narines le souffle de la vie: il te créa à sa propre image, à
l'image exacte de Dieu, et tu devins une âme vivante. Mâle il te créa, mais il
créa femelle ta compagne, pour ta race. Alors il bénit le genre humain, et dit:

"Croissez, multipliez, et remplissez la Terre et vous l'assujettissez, et
dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du Ciel, et sur tous les
animaux vivants qui se meuvent sur la terre, partout où ils ont été créés, car
aucun lieu n'est encore désigné par un nom. "

De là, comme tu sais, il te porta dans ce délicieux bocage, dans ce jardin
planté des arbres de Dieu, délectables à voir et à goûter. Et il te donna
libéralement tout leur fruit agréable pour nourriture (ici sont réunies toutes
les espèces que porte toute la terre, variété infinie!); mais du fruit de
l'arbre qui goûté, produit la connaissance du bien et du mal, tu dois
t'abstenir; le jour où tu en manges, tu meurs. La mort est la peine imposée;
prends garde, et gouverne bien ton appétit, de peur que le péché ne te
surprenne, et sa noire suivante, la mort.

"Ici Dieu finit; et tout ce qu'il avait fait, il le regarda, et vit que tout
était entièrement bon: ainsi le soir et le matin accomplirent le sixième jour;
toutefois non pas avant que le Créateur, cessant son travail quoique non
fatigué, retournât en haut, en haut au Ciel des cieux, sa sublime demeure, pour
contempler de là ce monde nouvellement créé, cette addition à son empire, pour
voir comment il se montrait en perspective de son trône, combien bon, combien
beau, répondant à sa grande idée.

"Il s'enleva, suivi d'acclamations, et au son mélodieux de dix mille harpes qui
faisaient entendre d'angéliques harmonies. La terre, l'air, résonnaient (tu t'en
souviens, car tu les entendis); les Cieux et toutes les constellations
retentirent, les planètes s'arrêtèrent dans leur station pour écouter, tandis
que la pompe brillante montait en jubilation. Ils chantaient:

"Ouvrez-vous, portes éternelles; ouvrez, ô Cieux, vos portes vivantes; laissez
entrer le grand Créateur, revenu magnifique de son ouvrage, de son ouvrage des
six jours, un monde! Ouvrez-vous, et désormais ouvrez-vous souvent; car Dieu
délecté daignera souvent visiter les demeures des hommes justes, et par une
fréquente communication il y enverra ses courriers ailés, pour les messages de
sa grâce suprême. "

"- Ainsi chantait le glorieux cortège dans son ascension: le Verbe à travers le
Ciel, qui ouvrit dans toute leur grandeur ses portes éclatantes, suivit le
chemin direct jusqu'à la maison éternelle de Dieu; chemin large et ample, dont
la poussière est d'or et le pavé d'étoiles, comme les étoiles que tu vois dans
la Galaxie, cette voie lactée que tu découvres la nuit, comme une zone poudrée
d'étoiles.

"Et maintenant, sur la terre, le septième soir s'éleva dans Eden, car le soleil
s'était couché, et le crépuscule, avant-coureur de la nuit, venait de l'orient,
quand au saint mont, sommet élevé du Ciel, trône impérial de la divinité, à
jamais fixe, ferme et sûr, la puissance filiale arriva et s'assit avec son Père.
Car lui aussi, quoiqu'il demeurât à la même place (tel est le privilège de
l'omniprésence), était allé invisible à l'ouvrage ordonné, lui commencement et
fin de toutes choses. Et se reposant alors du travail, il bénit et sanctifia le
septième jour, parce qu'il se reposa ce jour-là de tout son ouvrage. Mais il ne
fut pas chômé dans un sacré silence: la harpe eut du travail, et ne se reposa
pas; la flûte grave, le tympanon, tous les orgues au clavier mélodieux, tous les
sons touchés sur la corde ou le fil d'or, confondirent de doux accords
entremêlés de voix en choeur ou à l'unisson. Des nuages d'encens, fumant dans
des encensoirs d'or, cachèrent la montagne. La création et l'oeuvre des six
jours furent chantées:

"Grands sont tes ouvrages, ô Jéhovah! infini ton pouvoir! quelle pensée te peut
mesurer, quelle langue te raconter? Plus grand main tenant dans ton retour
qu'après le combat des anges géants. Toi, ce jour-là tes foudres te
magnifièrent, mais il est plus grand de créer que de détruire ce qui est créé.
Qui peut te nuire, roi puissant, ou borner ton empire? Facilement as-tu repoussé
l'orgueilleuse entre prise des esprits apostats et dissipé leurs vains conseils,
lorsque, dans leur impiété, ils s'imaginèrent te diminuer et retirer de toi la
foule de tes adorateurs. Qui cherche à t'amoindrir ne sert, contre son dessein,
qu'à manifester d'autant plus ta puissance; tu emploies la méchanceté de ton
ennemi, et tu en fais sortir le bien: témoin ce monde nouvellement créé, autre
Ciel non loin de la porte du Ciel, fondé en vue sur le pur cristallin, la mer de
verre; d'une étendue presque immense, ce Ciel a de nombreuses étoiles, et chaque
étoile est peut-être un monde destiné à être habité. Mais tu connais leurs
temps. Au milieu de ces mondes se trouve la Terre, demeure des hommes, leur
séjour agréable, avec son océan inférieur répandu alentour. Trois fois heureux
les hommes et les fils des hommes que Dieu a favorisés ainsi! qu'il a créés à
son image, pour habiter là et pour l'adorer, et en récompense régner sur toutes
ses oeuvres, sur la terre, la mer ou l'air, et multiplier une race d'adorateurs
saints et justes! Trois fois heureux s'ils connaissent leur bonheur et s'ils
persévèrent dans la justice.

"Ils chantaient ainsi, et l'Empyrée retentit d'alléluias; ainsi fut gardé le
jour du sabbat.

"Je pense maintenant, ô Adam, avoir pleinement satisfait à ta requête, qui
demanda comment ce monde et la face des choses commencèrent d'abord, et ce qui
fut fait avant ton souvenir, dès le commencement, afin que la postérité,
instruite par toi, le pût apprendre.

Si tu as à rechercher quelque autre chose ne surpassant pas l'intelligence
humaine, parle! "

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François-René De Chateaubriand (1768-1848) Livre VII Argument.
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