Le Jeu de Paume
À Louis David, peintre
I
Reprends ta robe d’or, ceins ton riche bandeau,
Jeune et divine poésie:
Quoique ces temps d’orage éclipsent, ton flambeau,
Aux lèvres de David, roi du savant pinceau,
Porte la coupe d’ambroisie.
La patrie, à son art indiquant nos beaux jours,
A confirmé mes antiques discours:
Quand je lui répétais que la liberté mâle
Des arts est le génie heureux;
Que nul talent n’est fils de la faveur royale;
Qu’un pays libre est leur terre natale.
Là, sous un soleil généreux,
Ces arts, fleurs de la vie, et délices du monde,
Forts, à leur croissance livrés,
Atteignent leur grandeur féconde.
La palette offre l’âme aux regards enivrés.
Les antres de Paros de dieux peuplent la terre.
L’airain coule et respire. En portiques sacrés
S’élancent le marbre et la pierre.