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 François Coppée (1842-1908) La Veillée. I

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Inaya
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Inaya


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François Coppée (1842-1908)  La Veillée.   I Empty
MessageSujet: François Coppée (1842-1908) La Veillée. I   François Coppée (1842-1908)  La Veillée.   I Icon_minitimeMer 27 Juin - 21:57

La Veillée.

I

Dès que son fiancé fut parti pour la guerre,
Sans larmes dans les yeux ni désespoir vulgaire,
Irène de Grandfief, la noble et pure enfant,
Revêtit les habits qu’elle avait au couvent:
La robe noire avec l’étroite pèlerine
Et la petite croix d’argent sur la poitrine.
Elle ôta ses bijoux, ferma son piano,
Et gardant seulement à son doigt cet anneau,
Seul souvenir du soir de printemps où, ravie,
Au vicomte Roger elle engagea sa vie,
Aveugle à ce qu’on fait et sourde à ce qu’on dit,
Près du foyer, stoïque et pâle, elle attendit.
Roger, quand il connut la première défaite,
Comme un heureux qu’on trouble au milieu d’une fête,
Soupira, mais agit en homme brave et prompt.
Prenant congé d’Irène, et coupant sur son front
Une boucle de fins cheveux, il l’avait mise
Dans un médaillon d’or porté sous la chemise;
Puis, sans qu’on le retînt ni qu’on le retardât,
Il s’était engagé comme simple soldat.

On sait trop ce que fut cette guerre.

Impassible,
Et de l’absent aimé parlant le moins possible,
Irène, tous les jours, à l’heure où le piéton
Descendait, sac au dos, la route du canton,
Le regardait venir assise à la fenêtre;
Et lorsqu’il s’éloignait sans déposer de lettre,
Elle étouffait un long sanglot; et c’était tout.

Le vicomte écrivait: et jusqu’au milieu d’août,
Irène n’eut pas l’âme encor trop alarmée.
Enfin il fut bloqué dans Metz avec l’armée;
Et sachant seulement d’un fuyard de là-bas
Qu’il n’avait point péri dans les premiers combats,
Irène, devant tous domptant ses pleurs rebelles,
Eut le courage alors de vivre sans nouvelles.
On la vit devenir plus pieuse qu’avant;
Elle passait sa vie à l’église; et souvent
Elle allait visiter les pauvres du village,
Parlant plus longuement et donnant davantage
À ceux dont les enfants par la guerre étaient pris.

C’était le temps affreux du siège de Paris;
Gagnant toute la France ainsi qu’une gangrène,
L’invasion touchait presque au château d’Irène;
Des uhlans fourrageaient dans le pays voisin.
Le curé de l’endroit et le vieux médecin
Avaient beau, chaque soir, au foyer de famille,
Ne parler que de mort devant la jeune fille,
Elle n’avait au coeur aucun pressentiment.
- Roger était à Metz avec son régiment;
À sa dernière lettre il était sans blessure;
Il vivait, il devait vivre; elle en était sûre.
- Et, forte de l’espoir des fidèles amours,
Le chapelet aux doigts, elle attendait toujours.
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François Coppée (1842-1908) La Veillée. I
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