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 François Coppée (1842-1908) La Veillée. Iii

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Inaya
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Inaya


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François Coppée (1842-1908)  La Veillée.   Iii Empty
MessageSujet: François Coppée (1842-1908) La Veillée. Iii   François Coppée (1842-1908)  La Veillée.   Iii Icon_minitimeMer 27 Juin - 21:59

III

Elle était là depuis une minute à peine,
Lorsque le Bavarois, se tournant vers Irène,
Et sur la jeune fille ouvrant l’oeil à demi:

« Ce médecin, dit-il, me croyait endormi;
Mais j’ai tout entendu. Merci, mademoiselle,
Merci du fond du coeur, moins pour moi que pour celle
À qui vous me rendrez et qui m’attend là-bas! »

Elle lui répondit:

« Ne vous agitez pas.
Dormez. C’est du repos que dépend votre vie.

- Non, reprit-il, il faut d’abord que je confie
Le secret que j’ai là; car la mort peut venir.
J’ai fait une promesse et je veux la tenir.

- Parlez donc, dit Irène, et soulagez votre âme.

- La guerre... Non, la guerre est une chose infâme!
C’était le mois dernier, sous Metz... j’eus le malheur
De tuer un Français... »

Pour cacher sa pâleur,
Irène, de la lampe, abaissa la lumière.
Il reprit:

« Nous allions surprendre une chaumière
Où les vôtres s’étaient fortifiés. Ce fut
Comme font les chasseurs quand ils vont à l’affût;
Vers le poste français, par une nuit très sombre,
L’arme prête, muets, nous nous glissons en nombre,
Le long des peupliers disposés en rideaux.
J’enfonce, le premier, mon sabre dans le dos
Du soldat qui faisait sentinelle à la porte;
Il tombe sans avoir même crié main-forte;
Nous prenons la masure et tout est massacré! »

Irène se cacha les yeux.

« Tout effaré
Du combat, je sortais de ce lieu de carnage,
Quand la lune soudain déchirant un nuage
Me fit voir, éclairé de son pâle reflet,
Un soldat se tordant par terre et qui râlait,
Le soldat que mon sabre avait percé, le même!...
Me sentant pris pour lui d’une pitié suprême,
Je me mis à genoux, voulant le secourir:
Mais il me dit: « Il est trop tard... Je vais mourir...
Vous êtes officier... gentilhomme peut-être!...
- Oui. Que puis-je pour vous? - Seulement me promettre
De renvoyer ceci, dit-il, en saisissant
Un médaillon caché dans sa poitrine en sang,
À... » Mais son dernier souffle emporta sa pensée;
Le nom de son amante ou de sa fiancée
Par le pauvre Français ne fut pas achevé.
En voyant un blason sur le bijou gravé,
Je l’emportai, gardant pour plus tard l’espérance
De découvrir parmi la noblesse de France
La femme à qui revient ce legs du soldat mort.
Le voici, gardez-le; mais jurez-moi d’abord,
Si la mort ne doit pas ici me faire grâce,
Que vous accomplirez ce devoir à ma place. »

Et sur le médaillon offert par l’étranger
Irène reconnut le blason de Roger.
Alors, le coeur tordu d’une douleur mortelle:
« Je le jure, monsieur. Dormez en paix! » dit-elle.
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François Coppée (1842-1908) La Veillée. Iii
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